Testata


LES PHARAONS DU NOUVEL EMPIRE

SCIENCE ET FOI n° 87 avril 2008


Yves NOURISSAT


Le Nouvel Empire que nous allons étudier d'après le début du troisième tome de la Véridique Histoire de l'Egypte Antique de Fernand Crombette s'écoule entre l'avènement d'Amosis et la fin du règne de Méremptah qui correspondent à la mort de Joseph et à l'Exode des Hébreux. On y trouve une confirmation de l'adoration temporaire du vrai Dieu par Aménophis IV et de la persécution du peuple élu avant la fin de son séjour en Egypte comme le raconte la Bible. Cette période correspond à la XVIe, à la XVIIIe, à la XIXe et à la XXe dynasties.

XVIIIe DYNASTIE THEBAINE
Nous allons commencer l'étude de cette dynastie par un survol rapide avant de passer à celle des pharaons qui la composent. En 1579, à l'aube du Nouvel Empire, le pouvoir pharaonique était réparti sur deux têtes théoriquement égales en droits: Amosis est le seul roi d'Egypte et de Nubie et le chef suprême de l'Afrique; d'autre part Aseth, roi de Tanis, règne sur deux nomes du Delta et sur l'Asie Mineure. L'un et l'autre se doivent l'entraide militaire. En Asie, à la suite de la défaite des Pasteurs se forment de grands empires autonomes à côté de celui de Babylone: ceux de Mitanni, d'Assyrie, des Hittites et des Achéens. Les pharaons régionaux d'origine Hyksôs, dépossédés par Amosis, réclameront des compensations qui leur seront données en Syro-Palestine où l'on voit se découper au moins sept états côtiers. Ces royautés leur serviront des bases d'opérations pour tenter de reconquérir le Delta sur les rois d'Egypte; et il faudra que ceux-ci, épaulés comme nous l'avons vu par les rois tanites de la XVIe dynastie, aillent les mettre à la raison.

En 1543, Aseth mourait sans héritier et la monarchie des Pasteurs devenait élective par périodes de dix ans. En regard, la XVIIIéme dynastie thébaine apparaît comme le type de la monarchie absolue mais connut un autre genre de crise due à l'influence intermittente du clergé de Thèbes. Si pendant cette période l'Egypte se couvrit de monuments tout à fait remarquables tels que les temples de Louqsor, de Karnak et de Deir-el-Bahari, des colosses de Memnon, etc., elle le dut à la garde vigilante que les troupes tanites montaient aux frontières et à la pleiade d'artistes qui s'était formée sous l'égide des Pasteurs. Sous le règne d'Horos et des pharaons adonaïstes qui avaient abandonné les sacrifices humains et les avaient remplacés par l'offrande du pain, il n'y eut plus d'incursions des Bedjas et des Noirs, comme si le motif principal de leurs interventions qui était de tenter de délivrer leurs compatriotes menacés ou de les venger avait disparu.

La véritable fondatrice de la XVIIIe dynastie est Sattô-Phôtos, la veuve du premier Amosis, roi régional de Thèbes de 1601 à 1597, laquelle prépara la lutte contre les Pasteurs, maria son fils avec une princesse noire et finalement assista au couronnement de ses efforts en 1579. Mais elle mourut quatre ans plus tard. Son fils Amosis régna jusqu'en 1554. Sous son règne on reprit les sacrifices humains dont le Patriarche Joseph avait pendant son long gouvernement démontré la totale inutilité. Il associa son fils Chebron au trône à l'âge de douze ans; mais celui-ci mourut en même temps que son père. La charge du gouvernement incomba alors à sa veuve, Iôros-Makhè, femme énergique, qui dirigea l'Egypte au nom de son second fils mineur Amenophtis jusqu'à sa mort en 1545.

Amenophtis s'occupa à sa majorité de ce qui fut la grande œuvre de sa vie, la construction de l'immense temple de Karnak dont le gros œuvre fut terminé en 1533. Il mourut relativement jeune sans héritier mâle: sa femme, Adelphè Amesses, conserva seule le pouvoir et s'unit au grand-prêtre conformément à un oracle d'Amon. Elle en eut un fils, Misaphris ou Thoutmosis 1er qui épousa une princesse noire descendante d'Amosis nommée Iôrhakos Ammônisiyos. Cette dernière eut du grand-prêtre une fille Makhaira et de son mari un fils Misphragmouthosis qui n'avait que douze ans à la mort de son père en 1499. Misaphris avait associé à son trône environ un an avant sa disparition Makhaira; d'après son testament, celle-ci devait d'abord gouverner au nom de son frère mineur puis garder Thèbes, la Haute Egypte et la Nubie tandis que Misphragmouthosis régnerait à Crocodilopolis et dans le Delta. Ele fit construire l'admirable temple de Deir-el-Bahari et prit part au combat contre les Troglodytes. Mais il semble bien que comme les reines précédentes, elle ait été l'amante du grand-prêtre de Thèbes. Elle ne vit pas sans inquiétude son jeune frère devenu majeur exiger sa part de l'héritage paternel. Elle se maria alors en 1493 avec Mesèkys, fils d'une femme de second rang de son père Misaphris. Mesèkys ou Thoutmosis III réclama d'être associé au pouvoir de sa femme en 1486 et devint roi du Sud alors que Misphragmouthosis était le pharaon du Nord. En 1474, ils réprimèrent ensemble l'insurrection de Danaüs et devinrent amis. A la mort de Misphragmouthosis en 1473 Mesèkys devint seul roi d'Egypte.

Assez longtemps avant sa mort, ce dernier associa au pouvoir son fils Amenophis qu'il chargea en 1646 de conduire une campagne en Canaan jusqu'en Mitanni. Celui-ci y établit une nouvelle dynastie qu'il s'unit par un traité d'alliance, ce qui donna à l'Egypte une période toute nouvelle de tranquillité à l'extérieur, d'autorité à l'intérieur, de mariages asiatiques au lieu d'unions noires, de conceptions religieuses d'un ordre plus relevé. Son règne s'acheva en 1425. A Amenophis succéda son fils Thoutmosis IV qui ne put avoir d'enfant. Il releva l'obélisque laissé gisant par son père, dégagea des sables le Sphinx et fit une campagne à Méroé contre les envahisseurs noirs. Il désigna comme vice-roi d'Ethiopie son oncle Amenophis III Memnon qui devait lui succéder neuf ans plus tard sur le trône d'Egypte.

Celui-ci était le fils de Thoutmosis III et d'une princesse mitannienne prénommée Aurore. Il avait seize ans lorsqu'il devint vice-roi d'Ethiopie et fut peu après envoyé en Asie Mineure par Thoutmosis IV pour dégager Troie assiégée par les Grecs. Il devint roi d'Egypte en 1416. Pendant son long règne de trente et un ans il eut à repousser de nombreuses incursions des Bedjas et des Noirs. Il fut aussi un grand constructeur et a en particulier laissé deux statues appelées Colosses de Memnon, hautes de près de 18 mètres dont l'une, fêlée, rendait jadis des sons harmonieux à l'aurore. En 1410, Amenophis III avait épousé une princesse mitannienne nommée Thya qui fut surnommée Aurore comme la mère du roi. Memnon trouva la mort au cours d'une guerre malheureuse contre Shoubbilouliouma, roi des Hittites, qui est peut-être l'Achille qui, d'après la légende grecque, tua Memnon. Il était père de deux jumeaux nés en 1409.

Ces enfants n'avaient guère que 15 ans quand la vice-royauté d'Ethiopie devint vacante en 1394. Memnon la confia à l'aîné qui l'occupa pendant 9 ans après lesquels il vint en Egypte remplacer son père en cédant à son cadet le trône de Napata. L'aîné se nommait d'abord comme son père Amenophis, mais il est désigné sur les listes par son nom d'Hôros, car il en vint à proscrire rigoureusement le nom d'Amon. Au début, tout parut aller bien entre le nouveau pharaon et le clergé thébain, mais Hôros voulut bientôt accorder à sa mère comme à sa grand-mère les honneurs de la divinisation à Thèbes; les prêtres s'opposèrent à ce culte rendu à des étrangères; Hôros releva le gant. A partir de ce moment, il fit proscrire rigoureusement le culte d'Amon et effacer son nom de tous les monuments. Sous l'influence des Hébreux et en souvenir de Joseph, il imposa l'adoration d'Adonaï qu'il retint comme seul vrai Dieu se servant du soleil pour répandre ses dons, les morts célèbres ne recevant plus qu'un culte de dulie. Il fit construire à El-Amarna, en Moyenne-Egypte, un temple et une ville qui furent le domaine exclusif d'Adonaï; il Lui édifia un autre centre de culte en Nubie, là où l'on adorait Maïa, la déesse thébaine, et un autre encore en Palestine, non loin d'Hébron qui avait été à l'origine du culte d'Amon. A l'instar des patriarches hébreux, il remplaça les sacrifices humains par l'offrande du pain. Après deux ans, soit en 1378, les travaux d'El-Amarna furent jugés assez avancés pour qu'on y fît l'inauguration du culte d'Adonaï et le transfert de la capitale pharaonique. Dans cette œuvre de purification des idées religieuses, Hôros fut puissamment aidé par sa femme appelée Tadoukhépa ou Theodeia, elle aussi mitannienne, que la religion mazdéenne, plus pure que l'égyptienne, avait préparée à recevoir la vraie lumière. Mais en 1366 Theodeia mourut. Hôros navré fit revenir son frère d'Ethiopie et le prit comme conseiller au gouvernement. En même temps, il associa à la couronne sa fille Thygater Achegcheres et son époux Apophis-Aroueris, fils d'un roi de Tanis dont le nom asiatique est Piphourouria. Ce régime dura jusqu'en 1348, date de la mort d'Hôros bientôt suivie du décès suspect d'Apophis-Aroueris.

Sur les conseils de son oncle, le frère jumeau d'Hôros, Thygater Achegcheres écrivit à Shoubbilouliouma, roi des Hittites, pour lui demander un de ses fils en mariage, car, disait-elle, épouser un de ses serviteurs lui faisait horreur. Le serviteur ainsi visé était le général en chef Armaïs que la reine devait soupçonner d'avoir fait mourir son mari pour prendre sa place. Shoubbilouliouma convaincu envoie un de ses fils qui est assassiné en chemin, sans doute par la même main qui avait fait disparaître Piphourouria. La jeune reine, guidée par son oncle, gère alors le royaume pendant trois ans. En 1345, elle épouse son frère Rathotis Adelphe.

En 1336, Thygater Achegcheres et Rarhotis Adelphe meurent presque simultanément. Le frère jumeau d'Hôros, toujours vivant, prend le pouvoir sous le nom de Chebres avec sa vieille épouse, car l'héritière du trône, fille de Thygater Achegcheres et de Rathotis Adelphe, Akherres-Nephos, n'a que 8 ans. On fait épouser à celle-ci un fils du roi de Tanis, âgé de 9 ans, Cherres, et on les associe théoriquement au trône. En 1332, à l'occasion du huitième centenaire de l'avènement de Ménès, Chebrès accepte de laisser rentrer à Thèbes Cherres et sa jeune épouse; l'Egypte est alors divisée en deux royaumes, celui du Nord, Basse et Moyenne-Egypte, capitale El-Amarna, et celui du Sud, Haute-Egypte et Nubie avec capitale Thèbes où l'on reprend le culte d'Amon.

Les prêtres de Thèbes ayant les enfants royaux sous leur coupe, il ne leur fut pas difficile de les endoctriner, par l'intermédiaire d'Armaïs de les dresser contre la tutelle de leur grand-oncle; de telle sorte que, vers 1329, quand ils eurent atteint leur majorité, ils abandonnèrent ouvertement le culte d'Adonaï et prirent des noms nouveaux inspirés d'Amon. Cherres mourut en 1324. Le vieil Armaïs, avec l'appui du clergé d'Amon, veut s'imposer comme époux à Akherres Nephos. Celle-ci, horrifiée, se sauve auprès de son grand-oncle dont elle comprend tardivement le désintéressement. Le sage conseiller ne voit d'autre moyen de la tirer d'embarras que de lui donner d'urgence un autre époux. A cette fin, on ne peut songer aux Hittites et aux Mitanniens qui craindront de subir le sort du fils de Shoubbilouliouma. On fait appel à Persée, roi d'Argos, qui accourt sur un de ses navires rapides et enlève la jeune reine qui l'attendait sur un rocher près de la bouche Canopique. Il était temps: deux mois après Chebres, Cherres descendait dans la tombe (1324). Persée dont la nouvelle épouse prend le nom d'Andromède, échange alors son royaume contre celui de Tyrinthe et fonde Mycènes en l'honneur de la reine.

Armaïs a maintenant les mains libres, mais fait figure d'usurpateur. Pour sauver la face, il épouse une descendante très âgée de Thoutmosis 1er, la reine Kommadiasos-Sabktès-Amaiôtos qui mourut assez vite. Il employa son court règne a faire preuve d'un grand zèle envers Amon: il proscrivit le culte d'Adonaï et fit abandonner El-Amarna; il rétablit les sacrifices humains et inaugura la persécution centenaire des Hébreux qui, commencée sous son règne en 1324, ne devait prendre fin qu'avec l'Exode en 1225. Il prescrivit de les accabler de travaux, de leur imposer des privations et de les faire périr sous les coups; il leur interdit l'accès de l'Egypte et rassembla des troupes pour s'opposer à une attaque éventuelle de leur part. Armaïs appartenait à l'antique maison des princes de Cusæ, descendants de Chasluim. Il avait un aîné nommé Ramessès qui revendiqua la couronne les armes à la main. Il fut vaincu et tué en 1319. Ainsi prend fin la XVIIIe dynastie. Nous allons maintenant en étudier en détail les traits saillants.

AMENOPHTHIS ET LE TEMPLE DE KARNAK
Ce second fils d'Amosis prit pleinement le pouvoir en 1554. On le nomme aussi Amenophis ou Amemphes. Son nom signifie: "L'ouvrier qui a posé des monceaux de ce qu'on voit d'Amon," et ses inscriptions disent: "Le constructeur des images d'Amon plus que tout autre dans le passé," et aussi: "Le constructeur des images d'Amon et des autres célestes, dans l'anniversaire, a dédié aux dieux puissants un temple qui leur soit une demeure sans égale selon la grandeur." C'est donc bien lui qui a conçu l'immense temple de Karnak qui, si on le débarrasse des adjonctions postérieures à la XIXe dynastie, présente une symétrie et une homogénéité qui impliquent une conception unique. Il dépasse en grandeur tous ceux qui l'ont précédé et suivi. il fut construit en vue du jubilé de 1545 qui correspondait au sixième centenaire de la mort de Misraïm et du premier avènement de Ménès et achevé avant le début du règne de Makhaira vers 1500 qui entreprit la construction du temple de Deir-el-Bahari. C'est à tort qu'il a été attribué à Ramsès II, à Sethi 1er ou à Amenophis III. Au contraire on trouve dans les inscriptions d'Amenophtis des hiéroglyphes de l'architecte d'Amon et des colonnes du temple.

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Celles-ci ont une forme de lotus ou de papyrus qui est en fait phallique car elles sont élevées en l'honneur d'Amon, dieu de la génération. Toute la conception architecturale repose sur un jeu de mots magique consistant à répéter cinq fois le mot copte Tiouôti, ce qui signifie: "Des troncs fleuris liés ensemble en colonne deviennent semblables aux dieux qui donnent la génération." C'est pourquoi aussi on trouve toujours cinq liens en tête de ces colonnes pour former le faisceau. S'il y a dans la grande salle hypostyle de Karnak 122 colonnes papyriformes semblables à chapiteau fermé, c'est que ce nombre même est une prière au dieu Min générateur de la race, car 122 se dit Sche-Djouôte-Snau, ce qui se transcrit: Sche-Tiouô-Ti-Snau qui a pour signification: "Donne à tes fils la germination utile."

Par ailleurs les colonnes à chapiteau campaniforme peuvent se décrire en copte: Schomti Tbbêoui Djoouf Hioui Djoth A Ehou Schiiai Eiôrh, ce qui signifie: Les puissants dieux de Thèbes la grande ont enfanté les célestes chefs du grand pays qui s'étend le long du fleuve.

Dans d'autres écussons on voit un parasol /// - ///. Cet emblème a été choisi à la fois parce qu'il est un des attributs de la royauté dans l'Afrique noire et parce que son nom de Thaibes rappelle Thèbes l'antique, Taibe-Es l'Arche antique, celle qui avait surnagé lors du déluge osirien. Mais il évoque surtout le grand temple de Karnak et sa demi obscurité voulue. Le temple égyptien, comme celui de Salomon, n'avait pas pour fonction de recevoir le peuple comme les églises catholiques servent de lieu de réunion aux fidèles: c'était exclusivement la demeure du dieu, inaccessible aux mortels. Aucun homme ne pouvait y entrer. Seuls les prêtres avaient le droit de pénétrer dans le Saint. Quant au Saint des Saints, il était fermé à tous, même au grand-prêtre qui n'y avait accès qu'une fois par an. Toutes les richesses du temple n'ont pas été conçues pour être admirées par les hommes mais uniquement en l'honneur du dieu. On voit là un témoignage de la profonde piété des Egyptiens. Une inscription relative à Amenophthis se traduit: "Le fils du premier roi, à l'anniversaire, dans la région des têtes parmi les doctes, a fait des images supérieures aux grands divinisés." Cette inscription contient un hiéroglyphe représentant une tête d'oiseau sur un cou sectionné qui se lit Kara-Hn-Hakh, ce qui n'est autre que le nom de Karnak. Comme il apparaît pour la première fois dans la titulature de ce pharaon, cela confirme que c'est bien lui qui a construit le temple. Notons qu'il existe un autre sens du nom du temple: Combien grand!

MAKHAIRA ET LE TEMPLE DE DEIR-EL-BAHARI
Celle-ci était la fille de Misaphris et d'une princesse noire. Son nom signifie bienheureux les silencieux. Les égyptologues l'appellent improprement Hatshepsout, mais le prénom qui lui conviendrait le mieux est celui de Sophie car Misaphris avait reconnu que la sagesse était sa qualité prédominante. Elle se proclame dans une de ses inscriptions celle qui est supérieure aux grandes dames unies par le mariage à Amon. Il est vraisemblable que le grand-prêtre était son amant. Elle est représentée par un sabre car elle fut une guerrière: avec l'aide des Pasteurs, elle combattit les envahisseurs. Elle eut encore recours à ces mêmes Pasteurs pour qu'ils lui fournissent des architectes pour construire le temple de Deir-el-Bahari près de Thèbes. Ce monument magnifique est remarquable par le caractère nettement grec de son architecture et par la longue avenue de sphinx qui y conduisait. Sur les parois de ce temple on voit aussi une flotte de cinq navires allant charger des matières précieuses sur la côte des Somalis et en revenant. Il y avait alors une communication entre le Nil et la mer Rouge à travers l'Ouadi Toumilat. Au moment de l'Exode, un mouvement du sol coupa la communication.

THOUTMOSIS III OU MESÈKIS, L'ÉPOUX DE MAKHAIRA
Ce pharaon était le fils d'un grand-prêtre de Thèbes et d'une reine de la XVIIe dynastie. Son deuxième nom signifie: "Celui qui tient le milieu entre les deux extrêmes", c'est-à-dire entre Thèbes et Tanis. Il avait encore un troisième nom, Menakopos Hôros, qui signifie: "Le roi qui demeure entier", dont l'origine est régulière et qui possède seul le pouvoir, ou encore "Le sauveur suprême des envahisseurs" car de Rougé lui attribue quinze expéditions militaires en particulier contre les Noirs.

Mesèkis avait multiplié les sacrifices humains pour avoir de l'eau. Il eut une inondation catastrophique en 1459. Il croyait avoir le pouvoir de provoquer et d'arrêter les inondations. Il le proclame dans une de ses inscriptions: "Celui qui est parvenu à commander en maître aux flots des plus grandes eaux qui couvraient la vallée du Nil, qui avait rendu les temples semblables à des canaux, renversé les grandes digues, ruiné la multitude affligée de la région supérieure;" et encore: "Celui qui est parvenu à commander en maître a songé à immoler promptement aux images dont il est le grand sectateur une multitude d'abjects; de plus, à crier aux images des célestes d'avoir soin de rejeter l'immersion.

Ceci montre à quel point la religion égyptienne était idolâtre et pratiquait à foison les sacrifices humains. Ces immolations massives exposaient l'Egypte aux représailles des peuples auxquels appartenaient les victimes et qui n'étaient déjà que trop disposés à razzier la vallée du Nil. Ce fait est confirmé par une inscription de Mesèkys dans laquelle il déclare qu' "Il a repoussé ceux qui marchaient contre le grand troupeau de Rê, volant et ravageant les environs; glorieusement il a rejeté et vaincu leur multitude redoutable en s'unissant aux grands guerriers pasteurs, venus en grand nombre avec la troupe des cultivateurs à cause de la ruine des temples des dieux puissants."

AMENOPHIS II, LE FILS DE MESÈKYS ET DE MAKHAIRA
Ce pharaon succéda à son père qui l'avait d'abord associé au trône en 1433 et régna seul pendant huit ans jusqu'en 1425. Dans une de ses inscriptions, il se dit: "Le dirigeant qui a rejeté l'ennemi en tant que Sisara," c'est-à-dire en qualité de chef d'armée chananéen. Une pierre commémorative située dans le temple d'Amon de Panapolis relate cette campagne d'Amenophis II jusqu'en Mitanni, pays compris entre le Khabour et le haut Euphrate et vassal des Hittites. Notre pharaon fit une autre campagne contre les Noirs d'Afrique centrale.

THOUTMOSIS IV
Dans une de ses inscriptions il déclare: "Thoutmosis a des égards semblables pour les dieux Amon et Arès." En effet il releva dans les temple d'Amon l'obélisque que son père et son grand-père avaient laissé gisant et désensabla le Sphinx image d'Arès dans le voisinage duquel il chassait le lion et la gazelle. Il fit campagne jusqu'à Méroè contre les Noirs qui menaçaient d'envahir l'Egypte et fit renforcer les fortifications de la région de Saras, l'antique capitale d'Osiris. Il ne cesse dans ses inscriptions de faire remarquer qu'il défend les temples de Thèbes et qu'il doit sa royauté au Sphinx Harmakhis. Son règne dura 9 ans de 1425 à 1416.

AMENOPHIS IIII MEMNON ET SES COLOSSES
Ce pharaon était le fils de Thoutmosis III et d'une princesse mitannienne, le frère consanguin d'Amenophis II et l'oncle de Thoutmosis IV. Son père vieillissant avait épousé la fille du roi mitannien Artatama appelée par les Grecs Eôs ou Aurore. L'écusson de celle-ci peut se lire: "Celle qui est vraiment très aimée de celui qui est arrivé à être l'unique roi du cours des eaux," ou encore: "La région où vient d'abord le commencement du jour lorsque le soleil est encore bas." Il justifie ce que nous avons dit sur elle précédemment. Par ailleurs le nom de notre pharaon se trouve dans une inscription placée dans un temple situé à Soleb, à la limite de la Haute et de la Basse Nubie. L'inscription complète se lit: "Le lieu qui contient les restes du chef initial dont la statue fait entendre chaque jour des sons mélodieux, près du temple du pharaon, au moment où sa mère, la pourpre du Levant, donne de nouveau la vie à sa grande forme." C'est une évocation des Colosses hauts de 17,90m placés à l'entrée de la Vallée des Rois dont l'un produisait une mélodie au lever du jour. Une autre inscription se lit: "La grande statue fendue qui ressemble à l'autre grande statue près du temple, à l'arrivée du jour, ô prodige, produit une grande voix."

Memnôn, monté sur le trône d'Egypte en 1416, épousa vers 1410 une princesse mitannienne que les égyptologues appellent Tii, mais qui serait mieux nommée en copte Tihiai, qui signifie "L'étincelle venue du maître suprême," ou "Celle qui a donné le soleil." Il semble qu'elle mourut peu après le jubilé de 1395, peut-être empoisonnée par les prêtres de Thèbes, ce qui expliquerait que son fils Amenophis IV ait abandonné le culte d'Amon pour celui d'Adonaï. Memnôn aurait épousé en secondes noces une autre princesse mitannienne, Kilougipa.

Selon la mythologie grecque, Memnôn, alors qu'il était roi d'Ethiopie, avait été envoyé par son père au secours de Troie assiégée par les Grecs où il aurait péri de la main d'Achille, fils de Thétis et de Pélée. Il y a là sans doute une part de vérité si l'on admet que le "père" d'Achille était en fait son suzerain Thoutmosis IV et qu'Achille serait à identifier avec le roi hittite Shubbiluliuma qui aurait tué Memnôn au cours d'une autre guerre que celle de Troie.

Comme ses prédécesseurs, Memnôn eut à lutter contre les détrousseurs de l'Egypte qui se montrèrent particulièrement audacieux, comme en témoigne l'inscription suivante qui déclare que "la région qui s'étend jusqu'à Héliopolis avait été abandonnée; les méchants s'y étaient introduits; les prêtres s'étaient sauvés, s'en allant au loin." Amenophis proclame en parlant de lui que "le fils d'une mère qui est lumière a dispersé les enfants des ténèbres venus en multitude attaquer par ruse le troupeau des adorateurs du soleil." Dans une autre inscription, il est "celui qui a tenu compte des vols pour fixer à l'extrême limite les impôts; qui a soulevé le troupeau dont les moissons avaient été incendiées; qui a adjoint une multitude de guerriers redoutables aux temples des dieux éminents; qui a travaillé à remettre en bon état les temples ruinés des dieux éminents."

AMENOPHIS IV OU HÔROS, L'ADORATEUR D'ADONAÏ
Un premier écusson d'Amenophis peut se traduire de deux façons: "Le réparateur de ce qu'avaient produit les méchants; le philosophe de l'Aurore déshonorée, et son fils déshonore les philosophes d'Amon"; et encore: "L'apôtre du Grand Vivant; le rejeton du sein de celle qui vient en avant et au-dessus du soleil; le grand roi qui a fait connaître au troupeau des sectateurs Celui Qui est au-dessus du soleil; le maître suprême qui a rétabli l'adoration de la dame rejetée par les mauvais docteurs qui l'avaient calomniée; le maître dont la mère auréole le soleil et annonce à haute voix la pointe de sa venue."

Dans cet écusson, le roi ne se pose pas en protagoniste d'un monothéisme tel que celui que pratiquaient les Hébreux. Il préconise en effet le culte des ancêtres puisqu'il veut qu'on adore sa mère. Il ne rejette pas le soleil, mais le munit d'une multitude de mains symboliques car il y voit le dispensateur des bienfaits de Dieu qu'il appelle le Grand Vivant et qu'il veut faire connaître au peuple égyptien. Il s'agit là d'une tentative de conciliation entre le culte très pur pratiqué par Joseph et perpétué par les descendants de Jacob en terre de Goschen et la conception égyptienne de l'origine divine des rois.

Durant les premières années de son règne, le roi porte un nom dérivé d'Amon. Mais en 1379, à l'occasion du deuxième centenaire de la victoire d'Amosis, Horôs se proclama l'enfant et l'adorateur d'Adonaï, "Le Dieu suprême vivant éternellement." Dans une de ses inscriptions, il déclare qu' "Adonaï est au-dessus de Rê et au-dessus de ceux qui l'ont suivi; le Phénix a établi la règle ainsi."

Pour mettre Adonaï au-dessus de tous les dieux d'Egypte, Hôros se réfère à Joseph, le Phénix, et pour pratiquer le culte du Vrai Dieu, il fit construire le ville et le temple d'El'Amarna, dont le nom signifie "le lieu sans statues" et, dans une autre inscription, "le lieu qui est la propriété de l'unique Grand Vivant et d'où sont rejetées les statues." C'était donc une enclave sacrée en terre idolâtrique.

Autre part, Hôros précise ses intentions: "Jusqu'à ce temps, on faisait un sacrifice aux images avec de grands cris; une multitude de victimes humaines étaient abattues avec des paroles antiques, dans les anniversaires. La grande voix qui s'est endormie a établi qu'il était suffisant d'adorer l'Etre Eternel. Ce fondement posé par le juste Joseph est semblable à notre volonté: que la grande multitude rassemblée adore Adonaï qui a émis le soleil."

Cette inscription confirme le fait que c'est bien de Joseph qu'Hôros a tiré ses principes religieux; ce n'est pas le soleil qu'il adorait, mais le Créateur du soleil. Au lieu du culte sanguinaire qu'imposait le clergé de Thèbes, avec sa magie et ses clameurs, le roi a adopté une religion avant tout spirituelle et symbolique, pacifique, digne et pure. Ce n'est donc pas sans raison que l'on a retrouvé dans son temple des pains de proposition comme chez les Juifs, et qu'il chantait des cantiques ressemblant étrangement aux psaumes hébraïques. Joseph qui avait fondé la théorie musicale et inventé la flûte de Pan et la caisse de résonance n'en serait-il pas l'auteur?

Hôros fonda deux autres villes, l'une en Nubie, Koukeh, qui signifie pain délicieux, près de Tynareh, dans le pays de Maïa, l'épouse infidèle, l'autre, en Palestine, Kain, qui signifie possession, près de Jérusalem, la ville de Melchisédek.

Les travaux d'El'Amarna semblent avoir été entrepris le 1er mars 1380, date qui marque le début du culte public d'Adonaï. Hôros proclame en effet sur une stèle de cette ville en ce jour: "Le chef qui établit des édits, le seigneur suprême de nombreuses multitudes, a rassemblé les adorateurs pour la pose des pierres d'angle de l'enceinte du Dieu vivant suprême Qui a émis le soleil et Qui est seul adorable. Le temple de la grande mère perverse où l'on offrait des montagnes de victimes humaines assommées, est déchu de sa grandeur: le Grand Vivant veut l'adoration d'hommes vivants. Le chef qui précède la procession des lointains chefs généalogiques, le protecteur de la nation, prêtre plus que tous les autres." Le culte commença le 27 novembre 1378.

L'épouse d'Hôros est la reine que les égyptologues ont baptisée à tort Nefertiti, mais qui s'appelait en réalité Tadouképa. Son écusson se lit de la manière suivante: "La grande adoratrice d'Adonaï Qui a émis le soleil et devant Qui se prosterne la multitude rassemblée; la conductrice des marches triomphales et la grande prêtresse suprême du temple du Grand Dieu; la dame suprême, fille des couronnés, étincelle du Dieu Qui a émis la vie et Qui la multiplie." Cette princesse mitannienne qui avait été élevée dans la religion mazdéenne a embrassé celle de son époux avec une ferveur qui témoigne de la beauté de son âme dont son charmant visage bien connu est comme le reflet. Son rôle fut éminemment providentiel: en protégeant le peuple hébreu du paganisme, elle fut la gardienne du culte de l'Eternel. Comme les lettres de Tell-el'Amarna révèlent que vers le milieu de son règne Hôros demanda une nouvelle épouse à Bournabouriash, il semble bien que Tadoukepa mourut avant son mari, sans doute en 1366, après avoir régné 19 ans avec lui.

LA FIN DE LA XVIIIV DYNASTIE
Hôros avait associé à son trône son gendre Apophis-Arouèris-Theodes, époux de sa fille Thygater-Akhegherès en 1365. Celui-ci mourut peu a près son beau-père en 1348. Son nom royal évoquait à la fois son ascendance Hyksos et sa belle-mère dont la mort avait provoqué son accession au trône. Il se traduit en effet: "Celle qui a été déclarée sans aucun doute reposant au ciel, qui est allée jusqu'au Grand Vivant qu'elle adorait antérieurement dans son temple, la grande reine est allée à la vie éternelle." Il est vraisemblable qu'Apophis fut assassiné par Armaïs, homme ambitieux au service des prêtres de Thèbes.

La veuve d'Apophis ne pouvant se remarier comme elle l'aurait désiré avec le fils de Shoubbilouliouma assassiné en chemin dut régner seule pendant quelques années jusqu'à ce que son frère d'un second lit fût d'âge nubile et qu'elle pût l'épouser. Son nom copte signifie: "La prêtresse d'Adonaï qui est soulevée d'attachement pour lui." Dans ses inscriptions elle ne cesse de se proclamer "celle qui est consumée d'un grand amour pour le Dieu qu'elle adore." Cette reine entourée de traîtres suscités par le clergé d'Amon fit énergiquement face à une situation difficile avec l'aide de son oncle. Son jeune frère qu'elle avait épousé en 1345 et dont on ne connaît que les noms grecs de Rathotis Adelphos, Athotis, Rathos ou Athoris mourut la même année qu'elle en 1336.

La fille fruit de cette union, Akherres-Nephos, n'avait que 8 ans à la mort de ses parents. On lui fit épouser un jeune prince de 9 ans, fils du roi de Tanis que les Grecs ont appelé Cherres et les égyptologues Tout-Ankh-Aton ou Tout-Ankh-Amon. Mais c'est Chebres, frère d'Hôros, et son épouse qui exercèrent le pouvoir. Tout en continuant à résider à El Amarna, il accepta en 1332 de faire rentrer les enfants royaux à Thèbes d'où ils devaient régir le sud du pays, ce qui contribua à relever le culte d'Amon à côté de celui d'Adonaï. Lorsque vers 1329 ils sortirent de tutelle, les prêtres de Thèbes les décidèrent à échanger dans leurs noms Adonaï contre Amon. Mais Cherres mourut en 1324.

Que devint la reine après la mort de son mari? Crombette a fait à son sujet une découverte surprenante. Il montre que celle-ci n'est autre que l'Andromède de la mythologie, et son oncle et sa tante Chebres et sa femme Céphée et Cassiopée. Qu'en dit la légende ? Andromède ayant eu la témérité de disputer le prix de la beauté aux Néréides, Neptune pour venger ses nymphes suscita un monstre marin qui désola tout le pays. L'oracle consulté répondit qu'il fallait exposer Andromède aux fureurs du monstre. La princesse liée sur un rocher par les Néréides allait être dévorée lorsque Persée, fils de Zeus et de Danaè, roi d'Argos, monté sur son cheval ailé Pégase tua le monstre, brisa les liens d'Andromède et devint son époux. Il échangea alors son royaume contre celui de Tyrinthe et fonda Mycènes. Cette légende n'est qu'une déformation de l'histoire vraie que voici:

Cherres meurt d'une mort suspecte et prématurée, vraisemblablement victime d'Armaïs qui n'en est pas à son premier assassinat et qui ambitionne de ceindre la couronne. Mais il lui faut régulariser son usurpation aux yeux des Egyptiens et le meilleur moyen d'y arriver serait une union avec la veuve de Cherres de qui celui-ci tenait ses droits au trône. Mais celle-ci, triplement offensée résiste. C'est alors qu'Armaïs fait intervenir le clergé qui, jaloux de la reine, témoin d'une crue du Nil ordonne, pour conjurer cette catastrophe, que celle-ci soit livrée à Armaïs. C'est sans doute Chebres appelé à l'aide qui songea à pressentir Persée, roi d'Argos, pour qu'il vienne épouser Andromède. On peut interpréter par le copte le nom de son cheval ailé mythique par "Le navigateur rapide." Persée vint donc chercher la reine fugitive sans doute à Rhacotis, la future Alexandrie, près de laquelle se trouve d'après Hérodote un rocher nommé l'écueil de Persée. L'ancien roi d'Argos fonda à son retour la ville de Mycènes dont l'étymologie copte signifie "La crucifiée délivrée," ce qui s'appliquait bien à Andromède. Il est possible que Persée ait tué Armaïs en venant en Egypte combattre à la demande de Sethos, frère de ce dernier.

XIXe DYNASTIE THEBAINE
Le fondateur de cette dynastie est Ramessès, frère d'Armaïs. Il était originaire de Cusæ. Il appartenait en effet à la famille des grands douaniers de cette ville, rejetons de Chasluim par son épouse légitime, mais écartés du pouvoir au profit d'Imouthès, né de l'inceste de celui-ci avec Maïa. C'est ce que proclame Ramessès dans ses inscriptions où il dit que "persévérant dans la volonté de devenir chefs, les rejetons de la mère régulière, empêchés plus que les autres de donner une maison limitée, sont, au contraire, devenus seuls rois." Ramessès accédait au trône à près de 90 ans. Il avait sans doute été adorateur d'Adonaï au temps d'Hôros, mais il multiplia les persécutions contre les Hébreux commencées par Armaïs. Ses inscriptions disent: "Celui qui a imposé l'ordonnance d'offenser tous les étrangers qui repoussent l'adoration des images des dieux."," Celui qui multiplie les châtiments sur la nation qui adore le Dieu Très-Haut invisible" et encore: "Frapper violemment ces subtils agitateurs politiques, je l'ordonne."

Ramessès qui ne régna que de 1319 à 1318 persécuta comme il l'avoue les Israélites.

Mais à cette époque, le véritable dirigeant de l'Egypte fut Séthos son son arrière-petit-fils que Ramessès avait d'abord pris comme général en chef dans sa lutte contre Armaïs et qu'il associa au trône. Les Hébreux furent particulièrement l'objet de l'animosité de Sethos. Dans une inscription il dit: "Dans une partie de la région inférieure vivent ceux qui poussent des troupeaux; cette nation est au nombre de beaucoup de myriades; à la fin, ils s'empareront du pays, où habitera une multitude d'ennemis. L'image de Min, consultée, le grand adorateur a obtenu cette réponse: Traîner à terre les adorateurs du Grand Dieu, les épuiser de fatigue à construire, les priver de nourriture, les frapper fortement." Pour réaliser ce programme, Sethos fit construire par les Hébreux la vile de Pithom où se trouve maintenant Kichlak dont le nom veut dire "L'affliction des étrangers."

C'est Sethos qui, vers 1308, donna l'ordre cruel aux sages-femmes de tuer les enfants mâles des Hébreux et qui, cet ordre n'ayant pas été suivi d'effet, prescrivit en 1307 de noyer tous ces enfants. C'est alors que Moïse fut exposé sur le Nil où le recueillit une jeune princesse fille de Sethos et sœur de Rampsès qui l'adopta. Elle devait alors avoir une douzaine d'années. C'est elle qui donna à cet enfant son prénom, car Moïse vient du copte Mouças qui signifie "faire sortir de l'eau." Selon Flavius Josèphe, cette jeune fille se nommait Thermutim dont l'étymologie copte signifie "Celle qui s'est faite semblable à sa mère l'a nommé," ce qui correspond bien au rôle qu'elle joua selon la Bible. Moïse fut donc élevé sous la protection de sa mère adoptive à l'ombre de Ramsès II.

Sethos décora le temple de Karnak comme le révèle une de ses inscriptions où il dit: "Sethos, maître du fleuve et sublime tête généalogique, a fait remplir d'images la dernière partie du temple des dieux éminents à l'anniversaire." Il mourut an 1298 en laissant son trône à son fils Rampsès que les égyptologues appellent Ramsès II.

Celui-ci vécut plus de 87 ans. Il jouit d'une prospérité insolente; son autorité fut sans limites; il multiplia les monuments à son nom en démarquant ceux de ses prédécesseurs; sa mégalomanie n'eut pas d'égale; il fut le plus grand persécuteur des Hébreux. Dans ses inscriptions, Rampsès déclare que s'il attribue une grande mesure aux sectateurs corrects d'Amon, il frappe fortement les pasteurs ses ennemis et il ne leur jette qu'une nourriture modérée; il foule aux pieds les Hébreux plus que ceux qui ont passé comme dans un vase placé sous le pressoir, en leur assignant un grand travail; il leur imposa particulièrement de construire des villes magasins pour y accumuler l'excédent des récoltes et notamment la ville de Ramessès "celle où l'on adore les dieux, résidence splendeur de l'Egypte." Ainsi, par un raffinement de cruauté, Rampsès obligeait les Hébreux à construire au centre même de leur territoire de Goshen une ville luxueuse où l'on adorait les dieux du paganisme qu'ils avaient en horreur; c'était la riposte de Thèbes à Tell el Amarna.

Rampsès multiplia les jubilés pour atteindre un âge semblable à celui du patriarche Joseph, autrement dit vivre jusqu'à 110 ans. Cette intention est confirmée par une inscription située au musée du Caire qui dit: "Celui qui a donné cette image et qui a rassemblé à l'anniversaire la multitude disposée par classes des adorateurs dans le temple des dieux éminents pour que, en vue du repos mortel du grand chef généalogique soit construit un grand sépulcre approprié long de cent mesures en étendue circulaire semblable à celui du commencement, et pour que le pharaon, chef généalogique, s'y couche après une vie plus grande que les autres, à l'époque où il réunira 110 soleils."

La mégalomanie de Rampsès semble ainsi s'être accentuée avec l'âge. Pour tenter de s'assurer 110 ans, il n'a pas hésité à faire couler à flots le sang humain en décuplant les sacrifices. Il voulut un tombeau circulaire semblable à celui de Misraïm et mesurant cent cannes mesures de rayon, soit 315 mètres. Quand on songe qu'il avait donné au tombeau de son fils préféré, Osymandias, environ 250 mètres se longueur sur 150 mètres de largeur, dépendances comprises, la prétention d'avoir pour lui-même un monument de 315 mètres de rayon ne semblera pas inconcevable. Mais il faut croire que la mort de Rampsès suivit de près l'offrande de la statue dont il s'agit, car il n'a pas été trouvé trace du sépulcre gigantesque dont il avait rêvé. Crombette calcule que Rampsès mourut en 1231.

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C'est son fils appelé par les égyptologues Merenptah et par les Grecs Amenophis ou Amenephthès qui lui succéda. Flavius Josèphe citant Manéthon dans son ouvrage Contre Apion affirme que c'est bien lui le pharaon de l'Exode. Un des écussons de celui-ci se lit: "Celui à qui il a été dit qu'il verrait certainement un Phénix semblable au premier venu d'en haut."

Amenephtès prend le pouvoir en 1231 vers l'âge de 54 ans. Comme l'avait désiré son père, il voudrait atteindre l'âge de Joseph, soit 110 ans. Il devrait donc vivre jusqu'en 1175. Or cette date marque deux grands anniversaires: le millénaire de l'établissement du calendrier sothiaque et des rites jubilaires par Thoth et le cinquième centenaire de l'apparition en Egypte de Joseph. Thoth fut le premier Phénix et Joseph en fut la réédition 500 ans plus tard. On s'attendait donc à ce qu'un nouveau Phénix reparût après un nouveau délai de 500 ans. Ce nouveau Phénix devait être Moïse, mais il apparaîtrait seulement au bout de 450 ans et il accablerait l'Egypte d'autant de maux que le précédent l'avait comblée de biens: ce furent les plaies d'Egypte et l'Exode. L'écusson précédemment cité s'hellénise en disant: "Le retour du Phénix frappera de terreur ou troublera de douleur le roi." On peut lui trouver encore le sens suivant: "Combien grandes seront les douleurs que produira le retour du Phénix ! Pour s'en préserver, s'expatrier devant l'invasion." C'est bien ce que fit Amenephtès comme nous le verrons à la suite de l'Exode. Les devins de l'Egypte avaient donc eu connaissance, sans doute par la magie, des faits qui allaient se produire lors du retour de Moïse.

Crombette a pu déterminer les dates des dix plaies d'Egypte qui se sont succédées:

  1. Eau changée en sang: 21 janvier an grégorien 1226;
  2. Grenouilles: 28 janvier;
  3. Moucherons: 4 février;
  4. Mouches: 11 février;
  5. Peste bovine: 16 février;
  6. ulcères: 25 février;
  7. Grêle: 4 mars;
  8. Sauterelles: 11 mars;
  9. Ténèbres: 18 mars;
  10. Mort des premiers-nés: 25 mars.

La Bible n'est pas le seul témoignage sur ces plaies: les Papyrus Sallier II et Anastasi VII de même que Manéthon conservé par Diodore en parlent également. Le fils d'Amenephtès qui périt avec les premiers-nés se nommait Sèthos-Dianemèsyios. Il avait régné avec son père à Thèbes de 1231 à 1225.


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figure 1

C'est alors que commença l'Exode: les Hébreux alertés par Moïse dès le dixième jour de Nisan se rassemblèrent près de la ville de Ramessès dans la journée du 26 mars. Ils se mirent en route le 27 au matin au nombre de plus de 1.500.000 sans compter près de 100.000 étrangers qui se joignirent à eux. Comme le montre la figure 1, le 27 au soir ils sont à El-Guisr, le 28 au soir à Es-Semout d'où ils se dirigent vers Bir-Magdal où ils arrivent le 30 dans la soirée. Ils sont le 1er avril au soir en face d'El-Adjerûd, non loin de la mer. C'est là que le fils d'Amenephthès Sisaros-Tithephthès-Myrrhinès les rejoint à la tête de 300.000 hommes. Mais la mer s'enfuit sous le baguette de Moïse et découvre un gué qui livre passage au peuple de Dieu qui parvient tout entier sur l'autre rive le 3 avril vers 5 heures du matin. L'armée égyptienne qui le poursuivait fut engloutie par le reflux de la mer. Les Hébreux purent voir les corps morts des Egyptiens et se désaltérer avec leurs troupeaux en un lieu qui a conservé le nom d'Aïn Moussa, les fontaines de Moïse. Toute la toponymie de l'itinéraire suivi par les Hébreux a gardé le souvenir de l'Exode.

Le miracle du passage de la mer Rouge tel que nous l'exposons dans la conférence consacrée à l'Exode eut des conséquences immenses: un gigantesque raz de marée balaya toutes les côtes de la Méditerranée; les peuples riverains prirent un fuite éperdue vers l'Egypte. C'est l'invasion des peuples de la mer devant laquelle Amenephthès s'enfuit en Ethiopie où il resta treize ans avec son fils Sèthos-Rampsès. L'empire hittite disparut dans la tourmente. Le monde entier subit les répercussions de l'Exode des Hébreux car Dieu, pour produire le retrait de la mer Rouge avait provoqué l'enfoncement de l'Atlantide et soulevé l'Himalaya, ce qui eut pour effet de vider l'océan Scythique.

Ammenemès, petit-fils d'Amenephthès, régna jusqu'en 1220 à Thèbes et épousa sa sœur Thouoris qu'il associa au trône. Il mourut après cinq ans de règne. Thouoris régna d'abord seule de 1220 à 1218 puis elle épousa un autre de ses frères, Phénix. En 1215, Sethos-Rampsès, réfugié en Ethiopie, fut nommé par Phénix vice-roi de cette contrée et épousa une princesse éthiopienne. En 1213 il reprit le contrôle du Delta. Amenephthès et son fils retrouvèrent la couronne d'egypte, mais Thouoris resta reine car elle épousa Sèthos-Rampsès appelé aussi Bousiris. Analysant la légende d'Hercule, Crombette montre que c'est lui qui tua le cruel Bousiris. La reine Thouoris se réfugia en Phénicie avec son époux Phénix. Notre savant prouve également que celle-ci épousa plus tard Ninus et n'est autre que Sémiramis qui conçut les jardins suspendus de Babylone.

XVIe DYNASTIE DES PASTEURS
On ne connaît jusqu'à présent aucun roi de la XVIe dynastie. Son numéro d'ordre ne correspond pas à sa position chronologique. Bien que Crombette l'ait placée dans son deuxième tome de la Véridique Histoire de l'Egypte Antique, elle appartient au Nouvel Empire puisqu'elle a pris place entre la fin du règne d'Aseth et l'Exode, pendant une période de 318 ans. Jules l'Africain annonce 32 rois Pasteurs dans cette dynastie qui auraient régné environ dix ans chacun et qui auraient peut-être été élus. Ils avaient des vassaux phéniciens et syriens. On pourra sans doute retrouver les noms de certains d'entre eux si l'on opère des fouilles systématiques dans leur capitale Tanis.


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figure 2

Crombette a dressé la carte des royautés vassales que nous reproduisons ci-après en figure 2 et reconstitué différents faits historiques connexes grâce en particulier au dictionnaire de Morery. C'est ainsi que vers 1557 Cécrops 1er, égyptien d'origine, alla fonder la royauté athénienne. Son nom signifie en copte "L'agitateur a été privé de son royaume." Il s'agissait donc bien d'un vassal des Tanites en Syro-Palestine vaincu par Aseth et Amosis. Vers 1552 se situe l'aventure d'Agénor qui, de Sidon, vint occuper le trône d'Argos. Puis survient celle de Phaéton qui, venu d'Egypte, alla habiter dans la vallée du Pô où il apporta entre autres la gondole aux Vénitiens inspirée des bateaux égyptiens. Plus tard le Phénicien Cadmus, fils d'Agénor, apporta aux Grecs l'alphabet qui avait été inventé par le patriarche Joseph. C'est à Phaéton qu'il faut attribuer l'importation de l'alphabet latin en Italie. Vers 1465, Cranaos changea le nom de Cécropie qu'avait la capitale de l'Attique en celui d'Athènes, tiré de l'appellation de la déesse Neith de Saïs. Nous voyons donc que la Grèce était le refuge habituel des Syro-Egyptiens fuyant leur patrie à la suite de leurs tentatives avortées d'indépendance. La Grèce y gagna ses premiers royaumes organisés et une refonte de sa civilisation.

L'influence de l'Egypte diminua donc en Asie sous le Nouvel Empire. Les pharaons de la XVIe dynastie, cantonnés dans la région du lac Menzalèh avec Tanis, Tsar et Péluse comme viles principales se montrèrent fidèles au traité de 1579 et firent campagne en Syrie aux côtés des Egyptiens. Cet état de choses prit fin lors de l'Exode des Hébreux au cours duquel Dieu bouleversa la face de la terre. Ce cataclysme provoqua une migration générales des peuples, balaya le grand empire hittite de Boghaz-Keui et anéantit la XVIe dynastie. Les 300 000 hommes de la garnison de Tanis protégèrent la fuite du roi d'Egypte et se retirèrent avec lui en Ethiopie où ils furent nourris et dotés de terres par le vice-roi de ce pays. Celui-ci fut remplacé par le fils du pharaon fugitif qui devint le chef des troupes tanites. L'armée ainsi formée lui permit de rentrer en Egypte pour retrouver son trône.

XXe DYNASTIE THEBAINE
La XXe dynastie débuta à la mort de Bousiris en 1205 et dura 135 ans jusqu'en 1070. Avec elle s'achève le Nouvel Empire. Elle compta 12 rois. Le fondateur de cette dynastie avait le nom grec de Kythnoia qu'on nomme aussi Protée. Son nom copte exprime le fait qu'il était bègue et hésitait à exprimer sa pensée. D'après Hérodote, il reçut la visite de la belle Hélène dont le rapt par Pâris fut la cause de la guerre de Troie. il descendait d'Amenephtès par une de ses filles. Son fils Rampsinitès était âgé d'environ 60 ans à sa mort survenue vers 1159, mais il avait été associé au trône dès 1197.

Les grecs nommaient celui-ci Remphis qui signifie "Celui qui manifeste sa pensée par un flux de paroles;" et Rampsinitès qui veut dire: "Le brave fils de celui qui avait la parole nouée." Il était donc aussi loquace que son père l'était peu; le qualificatif de brave indique un roi guerrier. Ses campagnes lui procurèrent les prisonniers destinés à être immolés dans les sacrifices. La signification copte de Rampsinitès par le copte est le suivante: "Celui qui est inquiet pour tout ce qu'il a entassé ensemble." Il eut à subir des invasions qui commencèrent en 1186 et se prolongèrent pendant sept ans. Or cette année 1186 est justement celle qui correspond au début de la conquête de la Palestine par Josué qui dura aussi sept ans. Les campagnes qu'eut à soutenir Rampsinitès contre les peuples envahisseurs ont été sans doute provoquées par l'action militaire du chef hébreu. Nous allons voir grâce à la traduction des deux inscriptions suivantes que le miracle luni-solaire opéré par Josué pour gagner la bataille de Gabaon fut accompagné d'un gigantesque raz-de-marée dû à l'arrêt de la rotation de la terre sur elle-même, ce qui entraîna une migration générale des peuples:
"A l'époque où l'on totalisait le sixième grand soleil; dans la troisième joie de l'apparition de la lune; lorsque les jardins, engraissés par la venue de l'eau, donnaient des germes grêles après avoir rejeté l'eau en excédent; quand on totalisait la quinzième fois où le soleil s'était élancé de la région inférieure, le grand roi a établi un édit additionnel pour tenir quitte de l'impôt le revenu de la multitude des habitants sinistrés, dont les propriétés, malheureusement atteintes par l'eau, ont été jetées dans un grand trouble. Le soleil, bouleversé, était demeuré bas au-dessus de l'horizon, s'abstenant de s'élever, répandant l'effroi parmi les grands docteurs. Un jour en comprit deux; la matinée, grandie, parvint à une longueur utile de moitié au-dessus du nombre des heures où la clarté doit être effective. Depuis ce prodige divin, il s'est écoulé un terme, et le maître a érigé à ce sujet une image qui a pour but d'éloigner le malheur du pays. Héphaistos, ...à tes adorateurs donne ta protection, annule les paroles de ces voyageurs étrangers, imposteurs; veuille faire périr ces ennemis des sacrifices aux images par la multitude disposée par classes dans les temples des dieux éminents; accrois les coups sur ces maudits adorateurs de l'Eternel, châtie-les, multiplie les malheurs sur ces pasteurs de troupeaux, brûle leurs demeures. Rampsès, céleste chef généalogique, qui imposais le travail à ces ignobles, qui les maltraitais, qui ne les secourus pas dans le besoin, précipite dans la mer ces voyageurs étrangers qui ont fait en sorte que la lune s'arrêtât, retenue dans un petit angle au bord de l'horizon, que le soleil lui-même, qui venait de naître en face du lieu où s'en allait la lune à ce moment-là, différât de changer de place et de traverser les cieux. Pendant que la lune réduisait sa vitesse et rampait lentement, parcourant un chemin exigu, à l'encontre, le grand dieu suspendait sa marche, atténuant l'effet extrême de sa clarté, ainsi qu'au point du jour. Contre les navires, autant ceux qui étaient sur place que ceux qui étaient sortis des ports, les vagues de la mer réunies se sont dressées en un long mur d'eau, enlevant de force les pêcheurs sortis pour observer le flot et les engloutissant dans l'eau. De plus, dans la grande région des prairies, une marée considérablement accrue s'est élancée sur les lieux où paissaient les troupeaux, en a arraché le bétail et l'a noyé; la perte est de plus de la moitié des troupeaux de la Basse Egypte. Les restes de navires abandonnés s'étagent par places, brisés, sur le bord des canaux; les ancres qui devaient les maintenir dans l'eau, les ont plutôt broyés que protégés. Les mers, se rassemblant outre mesure, sont entrées bien avant dans le pays; l'expansion de l'eau a atteint les murs d'enceinte élevés par Rampsès, le céleste chef généalogique; elle s'est élancée des deux côtés de la région postérieure en la balayant, y stérilisant les jardins, pénétrant les digues et y produisant des ouvertures. Un grand pays a été rendu pauvre et désert; ce qui y avait été semé a été affreusement détruit et des monceaux de tiges de céréales sont sur le terrain."

Le deuxième texte dit: "Celui qui a donné de grandes aumônes au peuple sinistré par la marée considérable qui a bouleversé les moissons et anéanti les biens; le maître qui, avec discernement, a établi que les plus grands témoignages de sa pitié seraient pour ceux qui avaient été endommagés plus que les autres; celui qui, dans sa grande bienveillance, a tenu quitte de l'impôt le troupeau grandement troublé; celui qui a donné à ceux qui conduisent des troupeaux de nouveaux troupeaux à la place de ceux qui avaient été noyés dans l'inondation; qui a dit de diriger les habitants des régions atteintes par le flot sur des territoires de qualité; qui a prescrit de suspendre pour les deux années à venir, les moissons des jardins qui ont eu le malheur, car celles qui en seraient issues seraient mauvaises."

Rampsinitès nous donne la date égyptienne du miracle: un terme - un an - avant le 15 Epêpi de l'an VI, ce qui correspond au 16/17 avril grégorien 1186. Or, si l'on détermine d'après la Bible l'emploi du temps de Josué depuis le début de sa judicature, on tombe sur la même date pour son miracle éclatant. C'est donc bien de celui-ci que parle l'inscription égyptienne. Il ne s'agit pas d'un arrêt absolu du soleil et de la lune qui eût été contraire aux lois de la mécanique, mais d'un arrêt absolu de la rotation de la terre sur elle-même ayant eu pour conséquence celui relatif du soleil dans la direction de Gabaon et de la lune au-dessus de la vallée d'Ajalon. C'est bien ce que précise Josué qui ne dit pas: "Soleil arrête-toi! Lune, arrête-toi!" mais: "Soleil, ne bouge pas par rapport à Gabaon et toi, lune, par rapport à la vallée d'Ajalon." Et si Josué ne dit pas "par rapport à la ville d'Ajalon", mais: "par rapport à la vallée d'Ajalon", c'est qu'il savait que la lune, tournant en un peu moins d'un mois autour de la terre, se serait quelque peu déplacée sur l'horizon pendant la durée du miracle. C'est cette petite régression d'environ 4° qui a été notée par les astronomes égyptiens. Ceux-ci ont également évalué la durée du miracle à la moitié des heures d'éclairement qui sont à cette époque de l'année de l'ordre de 133/4; le jour se trouva donc accru d'environ 7h. Les Egyptiens ne se sont pas trompés sur la cause du phénomène: c'est aux Hébreux, adorateurs de l'Eternel, qu'ils l'ont attribué, et c'est pourquoi ils les ont maudits au lieu de se convertir à la vue de la toute-puissance de Dieu.

Le miracle eut pour effet un tremblement de terre et un raz de marée: l'eau vint battre les remparts de la ville de Ramessès après avoir franchi le seuil d'El-Guisr. Il est donc probable que l'élévation exceptionnelle de la nappe aqueuse fut de près de 20 mètres au-dessus du niveau normal. C'est sur les conséquences fâcheuses pour la marine, l'élevage et l'agriculture d'Egypte que s'étend l'inscription de Rampsinitès. Mais il est bien évident que le même cataclysme atteignant tous les rivages de la terre dut provoquer une migration générales des peuples. C'est ce mouvement qu'ont observé sans le comprendre les historiens ignorant ce miracle.

Lorsque Moïse avait réalisé le miracle du passage de la mer Rouge, le bouleversement du globe avait eu, parmi ses effets, des déformations de l'écorce; c'est ainsi que l'isthme de Suez s'est trouvé relevé de plusieurs mètres interrompant le cours de l'Ouady Toumilat, le bras du Nil qui se jetait jadis dans la mer Rouge. Ceci était nécessaire pour laisser passer à pied sec les Hébreux. Ce bouleversement apporté par l'Exode dans la Terre de Goschen avait fait d'autant plus sentir ses déplorables effets qu'il avait fallu y accueillir les innombrables immigrants chassés de leur pays par les Hébreux. Aussi Rampsinitès, escomptant sans doute à la suite du miracle de Josué un nouveau cataclysme qui remettrait le sol à son ancien niveau est-il venu sacrifier à cet effet aux dieux honorés dans la ville de Ramessès. Une de ses inscriptions le dit: "Le maître de la localité supérieure aux grandes, redouté des adorateurs qui délaissent Amon, le dieu éminent, est venu, pour être utile à l'Egypte, dédier un temple dans Ramessès, la beauté des lieux de la vallée, la grande ville où l'on adore les dieux, offrir une libation et faire un sacrifice aux célestes, selon le rite antique, afin que, de nouveau, l'eau se répande dans la vallée diminuée, que ce qui est de la terre soit le flot renouvelé et procure des jardins." Ce n'est qu'en désespoir de cause, après avoir constaté que l'assèchement du bras oriental du Delta est devenu définitif, que l'on en viendra au projet de creusement du canal artificiel. C'est Rampsinités qui en fit entreprendre les travaux sans toutefois les achever à l'aide sans doute de l'abondante main d'oeuvre que les immigrations lui avaient procurée.

Rampsinitès semble avoir épousé une fille de Sèthos-Rampsès pour régulariser le changement dynastique. En 1160 il associait au trône son fils aîné Ramessès que nous appellerons Ikmaios et mourait moins d'un an plus tard en laissant dix enfants vivants. Ikmaios aurait dû devenir seul roi en 1159. Mais les descendants de Rampsinitès écartés du trône se tournèrent vers lui et exigèrent la division de l'Egypte en plusieurs royaumes de façon que chacun pût espérer régner. Il céda en constituant trois royaumes: un de Haute Egypte avec Thèbes pour capitale; un de Moyenne Egypte, capitale Memphis et un de Basse-Egypte de capitale Ramessès. Il mourut en 1144 suivi de près par son fils Sèthos-Dianemèsikotis-Rhyôdiolesyos assassiné un an plus tard.

Le bénéficiaire et par conséquent l'auteur de ce crime fut le roi de Memphis Ramessès Osioros-Akopos qui ajouta au sien le royaume devenu vacant. N'ayant pu s'étendre que par la violence et s'attendant à des retours offensifs, il fit édifier à Silsilis un peu au nord de la première cataracte un mur fortifié pour arrêter les attaques venues des oasis ou de Nubie. Mais le roi de Ramessès, Ramessès Nimmiaireios ne voyait pas sans jalousie ni sans inquiétude son frère étendre son empire de Rhacotis à l'Ethiopie. Il avait à sa disposition les 300.000 hommes de la garnison de Tanis et les innombrables mercenaires qu'avait dû conserver son père. Il profita d'une intervention militaire qu'il avait dû faire en Palestine vers 1141 et tourna à son retour son armée contre le roi de Memphis qu'il vainquit et tua vers 1140. Il conserva l'Egypte pour lui seul. Ses frères provoquèrent contre lui un soulèvement populaire où il trouva la mort en 1133.

Trois nouveaux pharaons se partagèrent donc l'Egypte en cette année 1133: le quatrième fils de Rampsinitès, Ramessès Osiris-Phoinix-Kainis à Memphis; son cinquième fils Ramessès Aikhmètès à Ramessès et son sixième, Ramessès Sykhaion Hôros à Thèbes. Le roi de Memphis inaugura à Héliopolis en 1125, centenaire de l'Exode, le culte de Moïse qui fut honoré sous le nom d'Osarseph. Il mourut en 1125, suivi de près par le roi de Thèbes. Le roi du Delta avait associé à son trône son fils Sekhorothesis-Yiothanos mais il fut assassiné sur ordre du neuvième fils de Rampsinitès.

En 1125 le septième fils de Rampsinitès, Ramessès Iamayos-Tisthoutos avait pris pacifiquement la suite du roi de Memphis et son frère Ramessès Neyhopôs-Kailhôry s'était installé la même année sur le trône de Thèbes où il s'était associé son fils Ramessès Menine-Hôros-Meioios. Mais en 1124 le neuvième fils de Rampsinitès, Ramessès Apophis-Maioioè-Areios, impatient de régner, faisait disparaître Sekhorothesis-Yiothanos et s'installait sur le trône de Ramessès. Vers 1122, s'appuyant sur les forces militaires du Delta qui étaient les plus considérables d'Egypte, il attaquera Sekhorothesis, le battit et le dépouilla de sa suzeraineté qu'il s'arrogea. Du coup le Delta prit la prédominance sur Thèbes malgré les prétentions des prêtres d'Amon.

En 1114, Ramessès Iamayos-Tisthoutos mourait et le dixième fils de Rampsinitès, Ramessès Thassôme-Seyonekas pouvait enfin accéder au pouvoir à Memphis, mais il mourut en 1109. Son voisin, le pharaon de Ramessès s'empara purement et simplement du royaume de Memphis et fit mine d'avancer vers Thèbes. Mais le pharaon de cette ville se voyant menacé appela à l'aide le vice-roi d'Ethiopie qui vint à son secours, s'avançant jusqu'à Cynopolis. Le roi de Ramessès mourut en 1109 n'ayant guère joui de son usurpation. Cet évènement bouleversa de fond en comble la situation politique; les rois de Thèbes peuvent espérer gouverner toute l'Egypte, mais sont menacés de perdre leur situation sous l'action des troupes tanites en marche contre eux et celle de l'armée égypto-éthiopienne. C'est alors qu'ils s'allient avec les Tanites contre les troupes éthiopiennes qui reculent. Les pharaons vainqueurs déposent le grand-prêtre et destituent le vice-roi d'Ethiopie. A partir de 1109 il n'y a plus qu'un royaume en Egypte. En 1106, Ramessès mourait laissant son fils seul roi d'Egypte. Celui-ci fut le dernier des rois ramessides et régna encore 36 ans jusqu'en 1070. Il s'allia avec le roi d'Assyrie Téglath-Phalasar dont il épousa la fille. Il eut un règne heureux et donna deux de ses filles en mariage à des princes pasteurs: l'aînée à Smendès qui devint vice-roi de Tanis et du Delta; la seconde à Phoros qu'il nomma vice-roi d'Ethiopie et grand-prêtre de Thèbes. Ce sont eux qui fonderont à la mort du roi la XXIe dynastie. Voilà comment se termine le Nouvel Empire.

Ceshe 1999 -