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LA VÉRIDIQUE HISTOIRE DE L'EGYPTE ANTIQUE
Les Pharaons du Bas Empire

SCIENCE ET FOI n° 86 - janvier 2008

Yves NOURISSAT

La période du Bas-Empire s'étend de la fin de la XXème dynastie à l'Edit de Milan sous Constantin qui marque la fin du paganisme. Pendant celle-ci l'Egypte eut de moins en moins de pharaons nationaux et tomba finalement sous le joug étranger des Perses, des Grecs et des Romains. Fernand Crombette y a trouvé encore de nombreuses confirmations égyptologiques de l'historicité de la Bible.

XXIème DYNASTIE TANITO-THEBAINE

Bien que Manéthon n'ait compté qu'une lignée unique dans la XXIème dynastie, il est certain que celle-ci comportait deux branches principales, l'une suzeraine qui régnait à Tanis, l'autre dont le siège était à Thèbes; c'est ce qui résulte des monuments que l'on a découverts. Comme les deux familles étaient contemporaines, Manéthon a négligé la branche non suzeraine. Il est d'autre part établi que même dans la branche tanite il y eut des rois que n'a pas mentionnés Manéthon et dont on a retrouvé les inscriptions. Il y eut donc dans la XXIème dynastie quatre branches parallèles: la principale à Tanis avec vice-royauté à Memphis, la seconde à Thèbes avec vice-royauté à Napata.

Le premier pharaon de la branche tanite fut Smendès 1er, dont le nom signifie force de Mendès, ce qui indiquerait qu'avant d'être appelé vers 1088 par Ramessès son beau-père à la vice-royauté du Delta, il habitait la ville de Mendès. A la mort de celui-ci en 1070 Smendès devint suzerain et fixa sa résidence à Tanis. Il associa au trône son fils aîné Kharitiamètis-Amesos-Theatos dont le nom signifie: "La bienveillance et la sagesse du chef généalogique l'ont fait surveillant des édifices élevés (les pyramides)", ce qui indique qu'il résidait à Memphis. Mais il mourut en 1049 du vivant de son père, laissant son trône à son fils. En 1044, Smendès mourait sous les coups d'une vague d'envahisseurs et fut remplacé à Tanis par son petit-fils Psousennès 1er.

Celui-ci régna 41 ans à Tanis. Son nom se comprend "Là où Suzanne au bain s'enfuit", ce qui désigne la ville de Daphnè où Suzanne avait été surprise par Ludim, un des fondateurs de l'Egypte. Il avait deux fils jumeaux; associa Paine, Nepherkherès, à la suzeraineté et donna au second, Amenophtis, la royauté de Memphis. Ce dernier passa à Tanis à la mort de son frère et resta suzerain de 999 à 990. Son successeur fut Osokhòr dont le nom peut s'interpréter: "Combien grand s'est répandu l'écoulement!", ce qui indique qu'il régna d'abord pendant une période d'abondance, avant que ne commence une période de disette à la fin de sa vie (984).

Psinakhès 1er succéda à Osokhòr d'abord à Memphis, de 990 à 984, puis à Tanis jusqu'en 975. Il est caractérisé par un hiéroglyphe /// - /// analogue à la signature du patriarche Joseph /// - ///qui se comprend: "L'image de Paneach". il régna en effet pendant une période d'abondance, ce qui lui permit de se présenter comme un nouveau Joseph, sauveur du monde.

Nous voici arrivés au Pharaon omis par Manéthon que les égyptologues nomment Siamon et qui s'appelait en réalité d'après son écusson grécisé Ammoniasekothesis. Son nom peut s'interpréter: "Il a adopté pour enfant par alliance le maître de ceux qui conduisent les troupeaux de brebis", c'est-à-dire que c'est lui qui donna sa fille en mariage au roi des Juifs qui était alors Salomon. C'est bien ce que dit le premier Livre des Rois, ch. III, verset 1: "Salomon s'allia avec Pharaon, roi d'Egypte, car il épousa sa fille qu'il emmena dans la ville de David." Il s'agissait donc d'une alliance politique et militaire confirmée par une union matrimoniale. L'Egypte pouvait en effet toujours craindre un retour offensif de l'Assyrie dont Salomon, avec ses 1 300 000 hommes en état de porter les armes pouvait la protéger. Celui-ci surpassait alors bien tous les rois de la terre par sa richesse comme le dit la Bible.

Dans une de ses inscriptions le roi se dit: "Le vrai fils des rois suprêmes: Jacob, le maître des troupeaux; Seth qui produit des moissons abondantes et Ménès qui régit les célestes." Notre pharaon aurait donc été d'ascendance juive, sans doute par sa mère. Ne descendait-il pas d'un des princes de la famille de David qui aurait fui en Egypte comme Adad et plus tard Jéroboam? Lisons dans la Bible l'histoire d'Adad:

"Or le Seigneur suscita pour ennemi à Salomon Adad, Iduméen de race royale qui était dans Edom. Car lorsque David était dans l'Idumée, Joab, général de son armée, y vint pour ensevelir ceux qui avaient été tués et pour tuer tous les mâles dans l'Idumée. Adad s'enfuit du pays avec des Iduméens serviteurs de son père, pour se retirer en Egypte: et Adad n'était alors qu'un petit enfant. Ils se présentèrent à Pharaon, roi d'Egypte, qui donna une maison à Adad, lui ordonna ce qui était nécessaire pour sa table, et lui assigna un certain pays. Et Adad s'acquit tellement l'affection de Pharaon qu'il lui fit épouser la propre sœur de la reine Taphnès, sa femme. De cette sœur de la reine, il eut un fils, nommé Génubath, que Taphnès nourrit dans la maison de Pharaon avec les enfants du roi. Adad ayant appris dans l'Egypte que David s'était endormi avec ses pères et que Joab, général de son armée était mort, il dit à Pharaon: "Laissez-moi aller afin que je retourne dans mon pays. "Pharaon lui dit: "Mais qu'est-ce qui vous manque chez moi pour penser à retourner en votre pays". Adad lui répondit: "Rien ne me manque, mais je vous supplie de me permettre de m'en retourner". (I Rois XI, 14-21)

Etant donné que David et Joab moururent vers 975 et que Psinakhès mourut peu après, c'est évidemment ce pharaon qui accueillit Adad; celui-ci étant devenu un ennemi acharné de Salomon, ce n'est certainement pas Psinakhès, son protecteur, qui donna sa fille en mariage au fils de David, mais plutôt Ammòniasèkothesis, devenu suzerain et qu'une ascendance israélite pouvait rapprocher du roi hébreu. Ce pharaon régna à Tanis 21 ans comme suzerain pendant que Psounennès II régnait à Memphis. Celui-ci se dit dans une de ses inscriptions: "Le grand roi qui s'approche de l'image de Suzanne, la belle déesse qui prédit ce qui doit arriver." Or Suzanne est Daphnè éponyme de la grande ville du Delta voisine de Tanis. Et Daphnè est aussi le nom grec du laurier que mâchaient les sibylles avant de rendre leurs oracles. Voilà pourquoi Suzanne est dite: "La belle déesse qui prédit l'avenir."

Le premier pharaon de la branche thébaine fut Phoros. Installé définitivement sur le trône en 1070 par Smendès, il vécut jusqu'en 1043. Il alla chercher à Tyr des bois du Liban pour la fabrication de la barque d'Amon comme plus tard Salomon demanda à Hiram le bois nécessaire pour la construction du temple. Il fut attaqué par des ennemis en 1065 qui pillèrent le tombeau de Sèthos 1er dans la vallée des Rois.

Phoros plaça sur le trône de Napata son fils amé Phoinikonikias, dont le nom signifie: "Le Pasteur, chef de la ligne des combattants," ou encore "Sa douleur sera expiée par des monceaux de cadavres." Il était donc d'origine Hyksòs et chef de l'armée et mourut en combattant.

Le fils de Phoinikonikias lui succéda en 1050 sur le trône de Napata et prit le nom de Poinaios-Sabaktès, ce qui signifie: "Le briseur qui venge" ou "Le vengeur qui brise" parce que le nouveau roi voulut faire payer aux envahisseurs la mort de son père. En effet, une de ses inscriptions se lit: "Le chef suprême a infligé un grand châtiment aux ennemis mauvais qu'il a vaincus; il a fait un sacrifice d'un grand nombre de laids aux temples mêmes qu'ils avaient dévastés et profanés pour donner des flots comme quand ils sont très abondants."  Les relations ne cessèrent pas d'être étroites entre Tanis et Thèbes pendant le règne de ce Pharaon car on dit que celui-ci était le gendre de Psousennès 1er de même que son père l'avait été de Smendès. En 1043, il passait sur le trône de Thèbes en remplacement de Phoros et l'occupa pendant près de 40 ans. Il avait comme il le dit dans une inscription l'ambition d'être un grand constructeur.

En 1043, lors de son élévation au trône de Thèbes, il fut remplacé à Napata par son fils Amasis-Aisiorthios dont le nom peut se comprendre "L'invincible qui s'élance droit" et qui mourut vers 1022. Son fils Ménapophysarès que les égyptologues appellent Menkheperré ou Ramencheper, lui succéda. Dans une de ses inscriptions, il se dit: "Celui qui est réellement venu châtier les envahisseurs qui ont fait mourir violemment son père, et qui sera fidèle à les frapper durement." Ménapophysarès avait épousé une princesse ramesside nommée Isis et il permit aux membres de sa famille exilés et à leurs partisans de rentrer en Egypte. Ce Pharaon semble avoir beaucoup honoré les déesses égyptiennes et prit dans une de ses inscriptions le nom de Psammètikhos, fils de Neith. Ce nom signifie "Celui à qui il appartient d'être le maître du troupeau de la grande localité et qui a établi l'unité dans la grande nation." Ce nom fut celui du fondateur de la XXVIème dynastie comme nous le verrons plus loin.

Notre Pharaon partagea la Nubie entre ses deux fils jumeaux Smendès II qui résida à Napata et Poinaios-Sabaktès II qui régna à Phturès en Basse-Nubie. Il mourut en 975 et fut remplacé à Thèbes par Smendès II qui n'y régna que sept ans. Celui-ci laissa alors la place à Poinaios-Sabaktès II de 968 à 950 et Psousennès III son fils alla gouverner la Nubie avant de passer à Thèbes de 950 à 940, date de sa mort. En 940 Sesonchosis fondait la XXIIème dynastie bubastite. Cet ambitieux pharaon profita de la mort de Psousennès III pour accaparer au bénéfice de sa famille les trônes du Sud. Dans cette intention il mit comme condition au passage de Poinaios-Sabaktès III de Napata à Thèbes que celui-ci adoptât pour héritier l'un de ses fils qui alla prendre possession du trône de Napata.

XXIIème DYNASTIE  BUBASTO-THEBAINE

Le fondateur de la dynastie est Sesonkhòsis; il monta sur le trône en 940. Son nom grec Sesoghis peut s'interpréter "celui qui a bourré d'armement le Mur (du Prince)", ce qui est une allusion aux préparatifs faits par notre Pharaon pour envahir la Judée. Selon Diodore, "Il se fit une élite des hommes les plus robustes et se composa une armée digne de la grandeur de ses entreprises. Il leva ainsi 600 000 fantassins, 24 000 cavaliers et 27 000 chars de guerre."

Une de ses inscriptions relate son triomphe: "La grande couronne ayant été posée sur sa tête avec une grande splendeur, le chef a conduit une multitude de ses troupes contre le chef ennemi le plus grand des étrangers, l'a rejeté, et, plus que les autres, lui a arraché des contributions de guerre; de l'adversaire mis en ruine, il a multiplié les dons aux troupes des temples des dieux éminents. Le seigneur suprême des grands capitaines a dispersé les troupes des abjects, et de leurs richesses a favorisé les troupes des temples des dieux éminents; il est venu immoler en grand nombre les ennemis aux dieux éminents, lui, le prophète du rite antique qui fait l'eau grande dans la maison des dieux éminents; il est le grand-prêtre des grands anniversaires des divinisés." Notons que cette inscription confirme la Bible en faisant du roi de Juda le plus grand des rois étrangers, alors Roboam, fils de Salomon.

Dieu s'était servi du bras de l'Egypte pour châtier le peuple juif et ses rois livrés à l'idolâtrie; ensuite il abattit le bras impie dont il s'était servi justement parce qu'il avait frappé son peuple. C'est ce que déclare Isaïe: "Dieu a-t-il frappe son peuple comme il a frappé ceux qui en étaient les tyrans? Et le supplice des siens, qu'il a permis, a-t-il égalé celui des persécuteurs de son peuple?" (Ch. X, 5 et 12-16) C'est de la même manière que le prophète dit d'Assur: "Malheur à Assur. C'est lui qui est la verge et la bâton de ma fureur; j'ai rendu sa main l'instrument de ma colère... Mais lorsque le Seigneur aura accompli toutes Ses œuvres sur la montagne de Sion et dans Jérusalem, je visiterai cette fierté du cœur insolent du roi d'Assur et cette gloire de ses yeux altiers. Car il a dit en lui-même: c'est par la force de mon bras que j'ai agi et c'est ma propre sagesse qui m'a éclairé; j'ai enlevé les bornes des peuples, j'ai pillé les trésors des princes, et comme un conquérant, j'ai arraché les rois de leurs trônes... La cognée se glorifie-t-elle contre celui qui s'en sert? La scie se soulève-t-elle contre la main qui l'emploie? C'est comme si la verge s'élevait contre celui qui la lève et si le bâton se glorifiait quoique ce ne soit que du bois. C'est pour cela que le Dominateur, le Seigneur des armées fera sécher de maigreur les forts d'Assyrie." Cette splendide imprécation du prophète est tout à fait applicable rétrospectivement à l'Egypte de la XXIIème dynastie.

Par son nom, Sesonkhòsis s'égalait à tous les Sésostris antérieurs. Ce nom lui ayant été donné avant sa campagne de Judée avait un caractère prophétique. De même que le suzerain partagea le siège de son pouvoir entre Bubaste et Memphis, son adjoint de Memphis fit de Saïs sa seconde capitale.

Strabon dit que "sous les princes de la XXIIème dynastie, Saïs devint un foyer de civilisation de premier ordre... ses temples, son collège de prêtres et ses fêtes suffirent à lui conserver une grande renommée dans le monde païen et sa population devait être assez considérable pour faire d'elle la principale ville du Delta." C'est sans doute pourquoi Sesonkhósis se dit dans la titulature Saïs-Haimòn: Celui qui est passionné pour Saïs. En 940 il avait placé sur le trône de Memphis- Saïs son fils ainé Osorthon 1er à qui il avait fait épouser la fille du dernier roi tanite de la XXIème dynastie. Il mourut en 904 et Takelothis 1er lui suc­cèda à Memphis. Il essaya d'envahir la Judée, mais fut battu par le roi de Juda Asa. En 903 une inondation exceptionnelle rompit les digues et envahit les temples. Osorthon II le remplaça à Bubaste et plaça son fils Sesonkhósis à Memphis. Les dernières années de son règne furent affligées par une famine générale. Il mourut en 873.

Ensuite régna à Memphis Phytisis 1er qui vécut sans doute jusqu'en 854. A la mort de celui-ci le trône de Memphis- Saïs fut partagé entre ses deux fils Papaios-Kharibastis et Takelothis II. Celui-ci prepara en 846 une grande expédition contre Joram, roi de Juda. Dans une de ses inscriptions, il se dit: "Celui qui observe les traces des Sesogkhis et des Apophis." La Bible explique la raison de cette comparaison. En effet au livre II des Paralipomènes, chapitre XXI, il est dit: "Joram, roi de Juda, fit le mal en présence du Seigneur; il abandonna le Seigneur, le Dieu de ses pères, et fit faire des hauts lieux dans les villes de Juda. Or on lui apporta des lettres du prophète Elie lui disant: "Parce que vous avez suivi l'exemple des rois d'Israël et que vous avez fait tomber Juda et les habitants de Jérusalem dans la fornication et que, de plus, vous avez fait tuer vos frères, le Seigneur va aussi vous frapper d'une grande plaie, vous et votre peuple, vos enfants, vos femmes et tout ce qui vous appartient. Vous serez frappés dans le ventre d'une maladie très maligne qui vous fera jeter tous les jours peu à peu vos entrailles." Le Seigneur excita donc contre Joram l'esprit des Philistins et des Arabes voisins des Ethiopiens. Ils entrèrent dans la terre de Juda, la ravagèrent et emportèrent tout ce qu'ils trouvèrent dans le palais du roi, emmenèrent ses fils et ses femmes, de sorte qu'il ne resta d'enfant que Joachaz, le plus jeune de tous. Et par-dessus tout cela Dieu le frappa d'une maladie incurable dans les entrailles. Deux ans se passèrent et il ne trouva la fin de son mal que dans celle de sa vie."

Or Joram mourut vers 834; l'attaque contre la terre de Juda eut donc lieu vers 845. Voilà pourquoi en 844 Takelothis se comparait à ses grands ancêtres. Des 848 celui-ci avait imposé un de ses fils Osorthon II comme roi de Napata à Petoubastis I roi de Thèbes. A la mort de celui-ci ce fils prit possession du trône de Thèbes, laissant celui de Bubaste à son neveu Sesonkhósis III.

Celui-ci, jugeant qu'il avait été lésé par Takelothis II se considéra comme chef généalogique d'une nouvelle lignée. Il constitua pour son fils Hèphaestos-Kabboulos le royaume de la Méroé du sud. En passant par Bubaste en 826, il avait cédé sa place de Memphis-Saïs à l'un de ses fils que nous appellerons Niko 1er. Celui-ci eut à défendre son trône contre une attaque d'Osorthon II désireux d'étendre son domaine au nord en vue de s'assurer la souveraineté et en fut victorieux. Il choisit de résider à Saïs et mourut en 814 en laissant son trône à son fils Pèthesis II. Il eut un fils en 769 qui lui succéda sous le nom de Sesonkhósis IV. Ce dernier mourut sans enfant en 743, ce qui correspond à la fin de la XXIIème dynastie. Il avait confié en 776 le trône de Saïs-Memphis à un prince apparenté Anax-Nikaies-Hòros qui mourut en 759. Son fils Petoubastis 1er devint à la mort de Sesonkhósis le fondateur de la XXIIIème dynastie.

La branche thébaine de la XXIIème dynastie fut inaugurée en 940 par Poinaios-Sabaktès III de la dynastie précédente et continuée en 936 par le fils que Sesonkhósis 1er avait placé à Napata, Saos-Poiaieis 1sud qui régna à Thèbes jusqu'en 932. On trouve ensuite sur les trônes de Napata et de Thèbes successivement: Sesonkhósis 1sud, fils d'Osorthon 1er, puis son frère Saos-Tekos-Oiopoiatheis 1sud; ensuite un frère des précédents, Smendès 1sud. Son successeur, Osothon 1sud est le Zara de la Bible qui fut vaincu par Asa, roi de Juda.

Voici ce qu'en dit le deuxième livre des Paralipomènes, chap. XIV: Abia s'endormit avec ses pères et on l'ensevelit dans la ville de David. Et son fils Asa régna en sa place et sous son règne la terre fut en paix pendant dix années... C'est pourquoi il dit au peuple de Juda: "Travaillons à réparer ces villes; fortifions-les de murailles et ajoutons-y des tours avec des portes et des serrures pendant que nous n'avons point de guerre... Or Asa leva dans Juda une armée de 300 000 hommes qui portaient aussi des boucliers et des piques, et dans Benjamin 280 000 hommes qui portaient aussi des boucliers et qui tiraient des flèches. Car Zara de Cousch vint les attaquer avec une armée d'un million d'hommes et trois cent chariots et s'avança jusqu'à Marésa. Et il invoqua le Seigneur Dieu et dit: "Seigneur, quand vous voulez secourir, le petit nombre et le grand nombre sont la même chose devant vous; secourez-moi donc, Seigneur, vous qui êtes notre Dieu... ne permettez pas que l'homme l'emporte sur vous". Ainsi le Seigneur jeta l'épouvante parmi les Ethiopiens qui étaient en présence d'Asa et de Juda, et les Ethiopiens prirent la fuite. Asa et tout le peuple qui était avec lui les poursuivirent jusqu'à Gerare; et les Ethiopiens furent défaits tellement qu'ils ne purent pas se relever, parce que c'était le Seigneur qui les taillait en pièces pendant que son armée combattait. Ainsi les Juifs remportèrent de grandes dépouilles et ils ravagèrent toutes les villes qui étaient aux environs de Gerare... ils ravagèrent encore les bergeries et les étables des troupeaux; et ils emmenèrent une grande multitude de moutons et de chameaux et s'en revinrent ainsi à Jérusalem... Et lorsqu'ils se furent rendus à Jérusalem le troisième mois et l'an quinzième du règne d'Asa, ils immolèrent au Seigneur en ce jour-là 700 bœufs et 7000 moutons des dépouilles et du butin qu'ils avaient emmenés."

C'est un fils d'Osorthon II qui vint occuper en 900 le trône de Napata laissé vacant par la mort d'Osorthon Isud: il se nommait Namarheiótès Isud. En 897, il passa à Thèbes pour y remplacer Smendes Isud et y resta jusqu'en 875. On trouve ensuite quelques rois pour aboutir à Horaios-Enousia-lsis Isud qui régna à Napata puis à Thèbes jusqu'en 743 et achève la XXIIème dynastie.

XXIIIème DYNASTIE  BUBASTO-THEBAINE

Le premier pharaon de cette dynastie est Petoubastis 1er qui après avoir régné une quinzaine d'années sur le trône de Saïs-Memphis, devint roi de Bubaste en 743. Les autres princes érigèrent de petits royaumes dont les douze du Delta formèrent ce que les Grecs ont appelé la Dodécarchie que nous étudierons au chapitre suivant. Tous ces rois reconnaissent à Petoubastis une sorte de suzeraineté. Celui-ci s'intitulait d'ailleurs dans une de ses inscriptions: Le chef suprême des chefs avantageusement associés, et Celui qui est plus que les autres le législateur des maîtres. Il régna à Bubaste de 743 à 719.

En même temps son fils Osorkhò régnait à Memphis, mais non à Saïs car le trône de cette ville était occupé par un prince de la XXIVème dynastie. D'ailleurs le Saïte qui régnait à la mort de Petoubastis entreprit de soumettre toute l'Egypte à sa domination; il vainquit la plupart des rois du Delta et obligea Osorkhò à s'associer à lui dans cette campagne. Il le déposséda de Memphis et ne lui laissa qu'une prédominance théorique sur la moitié orientale du Delta avec Héliopolis. Mais les princes de Moyenne et Haute-Egypte non encore soumis demandèrent l'aide du roi d'Ethiopie qui vint avec des troupes nombreuses, vainquit le Saïte et ses associés et remit Osorkhò sur son trône de Bubaste et Memphis. C'est ce même roi d'Ethiopie qui devint le suzerain de fait de l'Egypte.

Osorkhò mourut en 711 et fut remplacé par son fils Psammous de 719 à 711 à Memphis, puis à Bubaste de 711 à 701. Après le départ de celui-ci de son premier trône, un autre fils d'Osorkhò, Zet ou Sethos, regna à Memphis. Ce pharaon est cité par Hérodote dans les termes suivants: "Après... régna le prêtre d'Héphaïstos qui avait nom Sethos. Il n'avait, parait-il, aucun égard mais de l'indifférence pour les Egyptiens de la classe guerrière, dans la pensée qu'il n'aurait pas besoin d'eux... Aussi, quand par la suite le roi Sennachérib mena contre l'Egypte une grande armée d'Arabes et d'Assyriens, les égyptiens de la classe guerrière refusèrent de venir à son aide. Réduit à un grand embarras, le prêtre entra dans le temple; et là, s'adressant à la statue du dieu, il gémissait sur le sort qu'il était en risque de subir. Pendant qu'il se lamentait, le sommeil le prit; et il lui sembla, dans la vision qu'il eut, que le dieu se tenait auprès de lui, l'encourageait, l'assurant qu'il ne lui arriverait rien de fâcheux s'il allait au-devant de l'armée des Arabes, car lui-même lui enverrait du secours. Confiant dans ce qu'il avait vu et entendu en songe, Sethos prit avec lui les Egyptiens qui voulaient bien l'accompagner et campa à Péluse; il n'avait avec lui aucun homme de classe guerrière, mais des boutiquiers, des artisans, des hommes du marche. Arrivés en ce lieu, les adversaires... un flot de rats des champs se répandit chez eux pendant la nuit, rongeant les carquois, rongeant les arcs, et aussi les courroies des boucliers; si bien que le lendemain, étant sans défense, ils prirent la fuite et périrent en grand nombre. Et aujourd'hui se dresse dans le sanctuaire d'Héphaistos une statue de ce roi en pierre; elle tient sur la main un rat et une inscription lui fait dire: "Regardez-moi et apprenez à être pieux."

II s'agit là du récit dénaturé par le clergé égyptien de l'attaque dirigée par Sennachérib contre l'Egypte qui est évoquée dans la Bible aux chapitres XXXVII, XXXVIII et XXXIX du livre d'Isaïe et aux chapitres XVIII, XIX et XX du IVème livre des Rois. Celle-ci nous dit qu'au moment où le roi assyrien assiégeait les villes de Juda, il sut que le roi d'Ethiopie s'était mis en campagne pour venir le combattre; il quitta le siège de Lobna et se dirigea vers Péluse; mais en chemin, 185 000 hommes de son armée furent tués et il du rentrer à Ninive sans avoir pu livrer bataille aux Egyptiens. En fait c'est le raz-de-marée consécutif au miracle luni-solaire au cours duquel Dieu avait fait rétrograder la terre à la demande du prophète Isaïe qui détruisit l'armée de Sennachérib. Nous verrons plus loin que les Egyptiens ont noté dans leurs inscriptions le récit de ce miracle et de ses conséquences.

A la mort de Zet en 670 le roi de Saïs reprit l'offensive et chassa Pétoubastis II de Bubaste et Memphis, après qu'en 671 l'Egypte ait été envahie par le roi d'Assyrie Asarhaddon. Le trône de Bubaste fut occupé jusqu'à la fin de la XXIIème dynastie en 655, sauf peut-être pendant trois ou quatre ans par un Saïte nommé Taphènikètès, tandis que Memphis était rattachée à Saïs. En 655, Psammetikos 1er le Saïte unifiait l'Egypte à son profit et fondait la XXVème dynastie.

La branche thébaine de la XXIIIème dynastie comprend cinq rois dont le premier est Saos IIIsud qui remplaça Takelothis IIsud à Napata en 745. En 743, il passa sur le trône de Thèbes qu'il occupa jusqu'en 725. Cette année-là il reçut une ambassade du roi d'Israël Osée qui voulait se révolter contre le roi d'Assyrie. Mais il mourut et ne put venir au secours d'Osée dont la capitale Samarie fut prise après trois ans de siège.

Le successeur de Saos IIIsud fut Hòraios IIIsud qui donna une grande importance à son épouse comme le signale une de ses inscriptions. Il prit comme vice-roi Takélothis IIIsud à partir de 704. Celui-ci le remplaça à Thèbes de 701 à 670. C'est pendant qu'il était associé à son père qu'eut lieu le miracle d'Isaïe dont nous avons parlé précédemment et qu'il consigna dans deux inscriptions hiéroglyphiques dont l'une est placée sur un portique du temple de Karnak. Les voici:

"Aux environs, un prodige remarquable est survenu à cause du soleil qui, déjà venu, a rétrogradé, ramenant l'obscurité; le ciel, à reculons, a dévoilé la lune dont la face avait disparu; les étoiles ont apparu dans la zone qui l'entoure; la matinée s'est attardée; les ennemis redoutables, détruits en route, ont rempli en multitude une longue étendue de la région inférieure."
"Jamais dans l'antiquité, les multitudes n'avaient contemplé dans la vallée semblable renversement; les prophètes eux-mêmes ont été jetés dans un grand trouble; le soleil, après s'être élevé haut, est allé sous terre, privant de lumière les multitudes; le ciel qui avait d'abord grandi, mangeant la lune, l'a relâchée contre l'habitude en la faisant retourner; la mer puissante s'est précipitée hors de ses limites, s'élevant au-dessus des maisons, jetant les pécheurs au fond de l'eau; une multitude d'habitants ont été frappés par la grande rapidité du bouleversement; les grains ont été semés sans profit; le grand roi de la localité plus nombreuse que les autres a décidé d'exempter du paiement de l'impôt jusqu'à ce qu'ait lieu la moisson qui doit arriver."  Cette dernière inscription est datée du 12/13 Mésorê 704, ce qui correspond au 16 janvier grégorien de la même année.

Le dernier roi thébain de la XXIIIème dynastie est Mentamias-lthylaophaos. Monté sur le trône en 670, il subit l'invasion d'Asasrhaddon puis d'Assourbanipal, rois d'Assyrie, puis fut dépouillé de son trône par Psammétikhos 1er qui ne lui laissa que des fonctions sacerdotales.

DYNASTIE SAITE

La XXIVème dynastie, née en même temps que la XXIIIème et que la Dodécarchie, en lutte constante avec la XXIIIème et qui finalement l'absorba a duré de 743 à 655. Son fondateur est Neokhabis dont le nom peut s'interpréter Celui qui aboutit à une maison, qui bâtit une nouvelle maison. Son règne ne dépassa guère un an. Au cours de celui-ci il déposséda temporairement Pétoubastis 1er de Memphis.

Son fils Tephnakhtos crut pouvoir s'approprier Memphis et soumettre les rois de la Dodécarchie, mais il fut vaincu en 719 par le roi d'Ethiopie alerté et dut se contenter de Saïs où il acheva son règne en 714. Son successeur fut Bokhoris qui célébra l'anniversaire de l'institution du calendrier sothiaque par Thoth en 2176. Il fut brulé vif par le roi d'Ethiopie Sabakon en 709. Viennent ensuite Stephinathès qui régna jusqu'en 683, Nekhepsos qui mourut en 670 sans avoir pu rentrer à Memphis, puis Nékao qui périt en 663.

Néchao eut pour successeur Psammétikhos qui fut le fondateur de la XXVIème dynastie et l'unificateur de l'Egypte. Avant d'en arriver là, celui-ci eut une vie assez mouvementée: à la mort de son père, il s'enfuit à la cour du roi d'Assyrie où il demeura environ deux ans. En 661, Assourbanipal reprenait la guerre contre l'Egypte et établissait Psammétikhos à Saïs et Memphis. En 660 celui-ci célébra l'anniversaire du pardon accordé par Misraïm à Maïa, Ludim et Chasluim qui l'avaient trompé. Mais en 659 le Dodécarques exilèrent Psammétikhos dans la région de Bouto où il resta quatre ans et d'où il repartit en 655 pour rétablir la monarchie à son profit. Son nom contient le résumé de sa vie car il peut se comprendre "Celui qui se consume de chagrin dans les sables", ou "le prêtre qui invoque Hephaistos par l'airain" ou "Il faut de nombreux guerriers d'airain". C'est en effet grâce à de tels guerriers que selon Hérodote, il renversa successivement les onze rois de la Dodécarchie et se fit proclamer souverain de toute l'Egypte.

LA DODÉCARCHIE

La Dodécarchie dont parlent Hérodote et Diodore a commencé vers 743 avec la XXIIIème dynastie et s'est terminée avec celle-ci en 655. Elle a donc duré un peu plus de 88 ans. La plupart des rois de la Dodécarchie sont inconnus; on ignore même leur nombre. On peut admettre que sur les vingt trônes que compta celle-ci il y eut environ 120 pharaons dont seulement 49 sont connus. Fernand Crombette les cite tous avec leurs faits et gestes et leurs trônes dans la Véridique Histoire de l'Egypte antique, mais cela ne présente qu'un intérêt d'érudition et nous y renvoyons le lecteur curieux de connaître cette histoire.

XXVème DYNASTIE  ETHIOPIENNE

Le fondateur de cette dynastie est Ammerès qui régna à Napata de 743 à 738. Son nom Kiósèkositha signifie "Celui qui a enfanté une maison légitime". Son successeur vainquit en 738 le Saïte Tephnakhtos et ses alliés et fut le protecteur de l'Egypte. Son nom Poinèkaios signifie: "Celui qui châtie les incendiaires" et "Celui qui châtie ceux qui allument le feu de la discorde".

Le troisième roi de la XXVème dynastie, Sabakòn, était le frère ou le beau-frère du précédent. Il devait assumer la tutelle de son neveu Tarakòs, fils de Poinèkaios jusqu'à sa majorité; mais il ne lui remit pas alors son royaume et le chargea du commandement des armées réunies contre Bocchoris et lui laissa le gouvernement du Delta avec le titre de vice-roi. Mais comme il avait associé à son trône son fils Sébikòs Yios qui lui succéda à sa mort survenue en 706, Tarakòs évincé attaqua ce dernier, le vainquit, le tua en 663 et devint maître de l'Egypte.

Sébikòs a attribué au dieu Seth dans deux de ses inscriptions le miracle d'Isaïe. Voici ce qu'il se dit: "Le chef des adorateurs au temple du dieu qui ébranle la terre et la mer" et "Sebizó-theoy, uni au dirigeant supérieur d'Avaris-Tanis, le rejeton du grand guerrier hyksos, qui a rejeté du mur puissant de la région inférieure et exterminé les ennemis jetés au rivage et qui avaient été précipités dans l'élément fluide par la puissance des dieux a décidé d'aller faire un sacrifice dans le temple des dieux éminents avec les chefs des maisons de la région inférieure." Il s'agit là du désastre subi par l'armée de Sennachérib comme nous l'avons déjà vu.

L'Ethiopie compta jusqu'en l'an 30 de notre ère 42 souverains qui eurent de successeurs jusqu'à l'époque moderne, le dernier ayant été le Négus Hailé Sélassié. Nous ne nous intéresserons qu'aux deux souverains qui ont des rapports avec la Bible: il s'agit d'abord de Poinèkeas-Amesos dont le règne fut marqué par une famine d'une durée exceptionnelle.

Isaïe l'avait annoncée: "Prophétie contre l'Egypte. Le Seigneur montera sur un nuage léger et II entrera dans l'Egypte, et les idoles d'Egypte seront ébranlées devant sa face, et le cœur de l'Egypte se fondra au milieu d'elle. Je ferai que les Egyptiens s'élèveront contre les Egyptiens, que le frère combattra contre le frère, l'ami contre l'ami, la ville contre la ville et le royaume contre le royaume. Car l'esprit de l'Egypte s'anéantira devant elle et je renverserai sa prudence; ils consulteront leurs idoles, leurs devins, leurs pythons et leurs magiciens. Je livrerai l'Egypte entre les mains d'un maitre cruel, et un roi violent les dominera avec empire, dit le Seigneur, le Dieu des armées. La mer se trouvera sans eaux et le fleuve deviendra sec et aride. Les canaux exhaleront une odeur fétide; les ruisseaux diminueront et se sècheront; les roseaux et les joncs se faneront. Le lit des ruisseaux sera à sec à sa source même et tous les grains le long des eaux se sècheront et mourront. Les pécheurs pleureront; tous ceux qui jettent l'hameçon dans le fleuve seront dans les larmes et ceux qui étendent leurs filets sur la surface de ces eaux tomberont dans la défaillance. Ceux qui travaillaient le lin, qui le préparaient et qui faisaient des ouvrages fins et déliés seront dans la confusion. Les lieux arrosés d'eau sècheront et tous ceux qui faisaient des fosses pour y prendre du poisson. Les princes de Tanis ont perdu le sens; sages conseillers de Pharaon, ils lui ont donné un conseil plein de folle. Comment dites-vous à Pharaon: "Je suis le fils des sages, je suis le fils des anciens rois?" Où sont maintenant vos sages ? Qu'ils vous annoncent qu'ils vous prédisent ce que le Seigneur des armées a résolu de faire à l'Egypte. Les princes de Tanis sont devenus insensés; les princes de Noph ont perdu courage; les princes de ces nomes trompent l'Egypte, eux, la force et le soutien de ces peuples. Dieu a répandu au milieu d'elle un esprit d'étourdissement, et ils ont fait errer l'Egypte dans toutes ses œuvres, comme un homme ivre qui ne va qu'en chancelant et qui rejette ce qu'il a pris. L'Egypte sera dans l'incertitude de ce qu'elle doit faire, les grands comme les petits, ceux qui commandent et ceux qui obéissent. En ces temps-là les Egyptiens deviendront comme des femmes; ils s'étonneront, ils trembleront parmi le trouble et l'épouvante que la main du Seigneur des armées répandra sur eux." (Isaïe, XIX, 1-16)

Parlons enfin de la reine Candace II qui régna au début de l'ère chrétienne de l'an 15 à l'an 39 et dont l'intendant israélite venu à Jérusalem pour adorer Dieu en l'an 35 fut converti par le diacre Philippe comme le racontent les Actes des Apôtres (VII, 6 sq). C'est par lui que la foi chrétienne pénétra en Ethiopie.

XXVIème DYNASTIE  SAITE

Cette dynastie qui compta six pharaons fut fondée par Psammètikhos 1er en 655. Son nom signifie: "Celui qui finit par mettre de l'eau dans son couvre-chef, à défaut de coupe régulière, pour faire le sacrifice de l'eau." Un autre écusson indique une de ses grandes œuvres: "Celui qui a inspiré le dessein de commencer le grand canal réunissant les deux mers." Il s'agit là d'une communication entre la mer Méditerranée et la mer Rouge. C'est de lui qu' Isaïe avait dit: "Je livrerai l'Egypte entre les mains d'un maître cruel et un roi violent les dominera avec empire."

A partir de 616, Psammètikhos ler avait associé à son trône son fils Nèkheò II. Vers 608 celui-ci marcha contre le roi d'Assyrie; le roi de Juda Josias voulut s'opposer à son passage, mais il fut tué à Mageddo. Josias fut remplacé par son fils Joachaz qui fut fait prisonnier après trois mois de règne par Nèkheò II qui mit à sa place son fils Eliacim qu'il nomma Joakim. Mais le pharaon fut vaincu vers 604 à Carchémish par Nabuchodonosor. Il utilisa des prisonniers hébreux pour continuer le canal commencé par son père et envoya autour de l'Afrique une flotte phénicienne qui, partie par la mer Rouge, rentra heureusement en Egypte par la Méditerranée après trois ans de navigation.

En 603 Nèkheò II prit comme vice-roi son fils Psammètikhos II qui lui succéda de 599 à 585. Celui-ci entreprit une campagne contre l'Ethiopie au sujet de la possession du Dodécaschène qu'il annexa à l'Egypte. Ce dernier s'était associé à partir de 588 Apriès. En cette année-là, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint mettre le siège devant Jérusalem. Sédécias, roi de Juda, fit demander du secours à Apriès qui envoya en Palestine une armée qui dut se replier. Jérusalem tomba en 586 et Apriès accueillit en Egypte les Juifs qui vinrent y chercher refuge. Nabuchodonosor fit alors la conquête de tout le reste de la Palestine et assiégea Tyr qui résista jusqu'en 573.

Apriès s'engagea ensuite dans une guerre contre le roi de Babylone et obtint d'abord des succès considérables jusqu'aux rives de l'Euphrate avec son armée commandée par Amasis. Mais enivré par ses victoires, il devint comme fou d'orgueil; il s'intitula "le plus heureux des rois qui avaient vécu" et s'imagina que "les dieux eux-mêmes seraient incapables de lui nuire." Dieu lui-même reprocha à Apriès sa vanité par la bouche d'Ezéchiel: "Je viens à vous, Pharaon, roi d'Egypte, grand crocodile qui vous couchez au milieu de vos fleuves et qui dites: "le fleuve est à moi et c'est moi-même qui me suis créé." Je mettrai un hameçon à vos mâchoires et j'attacherai à ces écailles les poissons de vos fleuves... Le pays d'Egypte sera réduit en un désert et en une solitude parce que vous avez dit: "le fleuve est à moi et c'est moi qui l'ai fait." (Ez. XXIX, 3,4 et 9) Le nom hiéroglyphique d'Apriès confirme les paroles d'Ezéchiel: "Puissant crocodile écailleux (qui vous croyez assuré) d'être grand au-dessus des célestes."

Le réveil de ces illusions ne se fit pas attendre: en 569, le roi de Babylone reprenait l'avantage; il envahit l'Egypte et Apriès, fait prisonnier, fut conduit à Saïs et enfermé dans son palais. D'après Flavius Josèphe, Nabuchodonosor aurait alors donné la couronne à Amasis, ce qui est confirmé par les documents babyloniens en écriture cunéiforme. Celui-ci, au lieu de tenir Apriès prisonnier, il le traita comme son régent, ainsi que le montre une inscription à leurs deux noms et lui demanda une de ses filles en mariage. Mais plus tard, il marcha contre lui, le fit prisonnier et le livra au peuple et aux soldats qui l'étranglèrent. C'est ce qu'avait prévu Ezéchiel lors qu'il disait: "Je vais livrer le pharaon, roi d'Egypte, entre les mains de ses ennemis, entre les mains de ceux qui cherchent à lui ôter la vie."

Amasis vécut jusqu'au 13 mars 526. Sous son règne, à part une période de sécheresse de 545 à 539, l'Egypte connut une grande prospérité attestée par Hérodote, si bien qu'on le considéra comme un nouveau Phénix. Il relégua en Nubie les Juifs qu'avait accueilli Apriès, mais il accueillit les Grecs. Il réussit à maintenir la paix. Il s'était allié vers 547 avec Crésus, roi de Lydie et avec Nabonide, dernier roi de Babylone; mais ses alliés furent vaincus par Cyrus avec lequel il essaya d'avoir des relations amicales. Il mourut au moment où la domination de l'orient passait aux mains de Cambyse qui n'avait pas hérité du caractère conciliant de son père.

Le fils d'Amasis, Psammètikhos III avait à peine pris personnellement le pouvoir que Cambyse attaquait l'Egypte.

XXVIIème DYNASTIE  PERSE

Cette dynastie est composée de rois de Perse dont le premier est Kambysès III, fils de Cyrus. Monte sur le trône en 530, il avait attaqué l'Egypte en 525, l'avait vaincue et en était le souverain unique après avoir fait mourir Psammètikhos III. Dans une de ses inscriptions, Kambysès se présente comme né de la maison d'Apriès. Sa campagne contre Amasis avait donc pour but de récupérer un trône dont il s'estimait le détenteur légitime. Il se proclame en effet dans une de ses inscriptions: "Celui qui est né de la maison d'Apriès, Cambyse, le chef puissant, a voulu enlever l'engendré du pervers." Un usurpateur, Gaumatès, se fit passer pour son frère dont il s'est débarrassé et proclama sa déchéance. Cambyse III se tua alors de désespoir en 523.

Six mois plus tard, Gaumatès dont on avait découvert l'imposture fut tué à son tour par une conjuration qui mit à la tête de l'empire des Perses Darius 1er, gendre de Cyrus, en 522. Darius 1er régna sur l'Egypte jusqu'en 486. Il fut particulièrement dévot à Ménès et à son épouse Mounikhia. Il fit achever le creusement de l'ouady Toumilat. Il fut vaincu par les Grecs à Marathon en 490 et mourut en 486. Son successeur Xerxès 1er libera les Egyptiens restés captifs et leur permit de rentrer dans leur pays comme l'avait prophétisé Ezéchiel.

Après la défaite de Platèe, Inaros, descendant de Psammètikhos III, se proclama roi d'Egypte et s'installa à Saïs à la mort de Xerxès 1er. Le successeur de celui-ci, Artaxerxès 1er, lança une expédition punitive qui ne fut victorieuse que vers 459. Inaros aurait alors été crucifié ou empalé. A la mort d'Artaxerxès 1er, en 425, le trône fut occupé par Xerxès II son fils légitime qui fut assassiné au bout de 45 jours par un de ses frères illégitimes, Sogdianus; mais celui-ci fut à son tour tué après six ans de règne par un autre fils bâtard, Darius II, qui régna de 425 à 405. La mort de celui-ci fut suivie d'une révolte qui libera l'Egypte.

 

XXVIIIème, XXIXème, XXXème et XXXIème  DYNASTIES

Manéthon n'a constitué la XXVIIIème dynastie que du seul Amyrtaios II et uniquement pour sa période d'indépendance. Crombette la fait remonter à son véritable initiateur Inaros qui, révolté contre les Perses en 478, avait fondé un royaume en Libye, puis avait reconquis le Delta avec l'aide d'Amyrtaios 1er et constitué deux royaumes d'Egypte indépendants de la Perse, le sien, ayant pour capitales Saïs et Memphis, et celui d'Amyrtaios 1er ayant sans doute pour capitale Mendès.

Tué en 458 par Artaxerxès 1er, Inaros eut pour successeur son fils Thannyras, vassal des Perses, qui régna sans doute jusqu'en 439. Il eut pour deuxième successeur vers 420 Néphéritès 1er encore vassal des Perses. A Mendès, Amyrtaios 1er fut remplacé par son fils Pausiris qui régna jusqu'à 429 environ. Celui-ci fut suivi par un roi inconnu qui laissa la place à Amyrtaios II. En 405, celui-ci chassa les Perses et s'établit suzerain d'Egypte en résidant à Sais. Mais Néphéritès, qui ne supportait qu'avec impatience cette suprématie, l'attaqua, le vainquit et le tua. Il fonda ainsi la XXIXème dynastie dont les descendants d'Amyrtaios II furent exclus.

Cette XXIXème dynastie qui dura jusqu'n 376 compte 5 pharaons: Néphéritès 1er, Akhoris, Psammouthis 1er, Néphéritès II et Nektabénès 1er. Ce dernier est en même temps le fondateur de la XXXème dynastie et il transporta le siège de son pouvoir à Sébennytus. Il relia la mer Rouge à la mer Méditerranée par un canal direct mettant en communication les lacs Amers avec les lacs Ballàh, et ceux-ci avec le lac Menzaleh. L'inscription suivante le laisse entendre: "Celui qui a entrepris une voie de parcours à l'intérieur en faisant venir l'eau en sens contraire; le fils véritable de celui qui a pris possession des extrémités, Nekhéò, lequel, pour libérer de la contrainte, avait découvert un chemin pour parvenir à l'occident par un tour éloigné, ce qui a eu une renommée considérable; celui qui est véritablement très aimé d'Héphaistos et qui donne à la navigation une voie avantageuse nouvelle." Il se montrait ainsi le prédécesseur de Ferdinand de Lesseps, le créateur du canal de Suez. Son fils Teòs avait été particulièrement chargé de surveiller les travaux de percement du seuil d'El Guisr et de l'isthme d'El-Kantara comme le rappellent les inscriptions suivantes: "Pour réunir les mers à travers la croupe en y perçant un canal et extraire des terres de la région du grand ibis afin de permettre une navigation plus efficace, le chef initial a élevé son premier-né en tant que chef des grands travaux des fouilles pour inciter la multitude à produire et venir à bout de faire arriver l'eau par les deux extrémités." "Le grand chef qui incite la multitude à produire davantage pour enlever la hauteur qui séparé les eaux en vue d'atteindre enfin le grand mur et d'y faire passer les navires."

Teòs devenu seul roi en 361 lança une expédition en Asie et institua son frère cadet Nektanébos II régent du royaume. Mais celui-ci prit la place de Kabbas son neveu. Vers 351 Artaxerxès III sans doute poussé par Teòs réfugié à sa cour attaqua Nektanébos II à Mendès, les deux rois égyptiens étant ses vassaux. Pendant leur règne les travaux de percement du canal furent menés à leur terme mais il fut dés son ouverture menacé d'ensablement. Un conflit concernant un bœuf mort vint séparer les deux rois qui se querellèrent au sujet de la présidence des obsèques. Puis ils s'unirent pour tenter de chasser les Perses. Mais alors Artaxerxès III attaqua l'Egypte avec des forces considérables et vainquit les deux rois en 341. Nektanébos II s'enfuit à Napata et Kabbas disparut sans laisser de traces. Ce furent les derniers rois nationaux d'Egypte.

Artaxerxès III, édifié sur la fidélité des rois nationaux égyptiens, gouverna dès lors l'Egypte par des satrapes perses jusqu'à la fin de son règne en 337, et ses deux successeurs, Arsès (337-332) et Darius III (335-332) firent de même. Ces trois souverains constituent la XXXIème dynastie de Manéthon.

La victoire d'Alexandre le Grand à Issus en 332 mit fin au règne de Darius III. Il vint prendre possession de l'Egypte l'année suivante qu'il se garda bien de rendre à ses rois nationaux.

XXXIIème et XXXIIIème DYNASTIES  GRECQUES

Le fondateur de la XXXIIème dynastie, Alexandre le Grand, ne régna sur l'Egypte que 10 ans environ puisqu'il mourut vers 322. Pendant ce temps, il donna un tel essor à la ville et au port de Rhacotis qu'il y attacha son nom.

A la mort d'Alexandre, l'héritier que devait lui donner Roxane n'était pas encore né. La royauté fut confiée par l'armée à un frère d'Alexandre, Philippe Arrhidée. Celui-ci préparait le jubilé de 316 quand il fut assassine par Olympias.

Le fils posthume d'Alexandre le Grand, Alexandre II, régna théoriquement dès sa naissance, en 322. A la mort de Philippe Arrhidée, il n'était âgé que de six ans et sa tutelle fut exercée par le satrape d'Egypte Ptolémée Sòter. Il fut assassiné en 309 en même temps que sa mère par Cassandre, roi de Macédoine. Son nom grécisé se traduit: "Osiris, fils de prix, fils de roi, il faut par la volonté du maître que tu t'instruises." Le copte donne une signification voisine: "Le grand roi a recommandé que les plus grands docteurs soient les éducateurs de son rejeton légitime; pour qu'il produise une vie grande, il a dit à la mère de donner à la mère l'élévation du cœur." On voit quel souci Alexandre le Grand avait de l'éducation de son fils. C'est ainsi que se termina la XXXIIème dynastie.

A la mort d'Alexandre le Grand, ses lieutenants se partagèrent le gouvernement de son empire. L'Egypte échut à Ptolémée 1er Sôter. Il fonda la XXXIIIème dynastie et devint roi à la mort d'Alexandre II. Il abdiqua en faveur de Ptolémée II vers 284 et mourut en 282 après avoir vécu deux ans dans l'effacement. Pendant son règne, il favorisa le développement d'Alexandrie mais résida habituellement à Memphis. Grâce à la victoire qu'il remporta à Issus, il adjoignit à l'Egypte la Phénicie, l'Arabie et la Cyrénaïque. Sa flotte compta jusqu'à 1500 galères et 2000 vaisseaux marchands. II respecta les mœurs et les lois des Egyptiens, c'est pourquoi ils l'appelèrent Sóter, c'est-à-dire conservateur des dieux et observateur des rites religieux. II réalisa la synthèse des dieux primitifs de l'Egypte et des dieux grecs dans le culte de Sérapis dont il inaugura la statue en 286. Ptolémée I avait eu de sa première femme Eurydice ou Thaïs un fils qu'il déshérita au profit de Ptolémée II, fils de sa seconde épouse Bérénice 1ère.

Ptolémée II dut lutter contre son demi-frère qui dans le sud revendiquait ses droits et fit périr ses frères, ce qui lui valut ironiquement le surnom de Philadelphe, qui aime ses frères ou sa sœur. II semble que pendant quelques années Ptolémée II ait eu deux épouses, sa sœur et la belle-fille de celle-ci. Malgré ces crimes et ces turpitudes, le règne de Ptolémée fut une époque particulièrement brillante. II développa la navigation et termina l'aménagement d'Alexandrie: il remplaça l'antique tour à feu de Rhacotis par un phare qui fut considéré comme une des merveilles du monde; il réunit dans le Musée les plus éminents savants; il rassembla dans la bibliothèque des centaines de milliers de volumes; il fit traduire la Bible par soixante-dix docteurs juifs; il chargea Manéthon d'écrire l'histoire de l'Egypte; par le décret de Canope, il prescrivit d'ajouter tous les quatre ans un sixième épagomène pour mettre l'année civile dans un meilleur accord avec l'année astronomique; il enrichit les temples; il fit dégager l'ouady Toumilat pour réeacute;tablir la circulation fluviale et permettre l'irrigation des terres dans le pays de Goschen. Ptolémée II mourut en 246 après avoir associé à son trône son fils Ptolémée III que lui avait donné Arsinoé II.

Celui-ci se rendit plusieurs fois à Thèbes pour calmer les susceptibilités du clergé d'Amon; il porta la guerre en Syrie pour venger sa sœur Bérénice assassinée par Séleucus. Il intervint en Grèce et en Macédoine pour affaiblir les marines rivales de celle de l'Egypte; il remplaça le bac traversant le Nil entre Taklia et Mansourah par un grand pont voûté; il fonda le temple d'Edfou qu'il fallut deux siècles pour achever. Il fut appelé Evergète, c'est-à-dire le bien-faisant à cause de sa générosité qui se manifestait particulièrement lors des fêtes religieuses. II mourut en 220 après s'être associé dès 225 son fils Ptolémée IV, appelé par antiphrase Philopatôr, qui aime ses parents, car il assassina peut-être son père et fit périr sa mère, sa femme Arsinoé et son frère.

Ce pharaon poursuivit l'édification du temple d'Edfou et mourut en 204. Arsinoé III lui avait donné un fils Ptolémée V. Ce dernier dut d'abord subir une offensive d'Antiochus et perdit à cette occasion la Cilicie, la Lycie, la Syrie et la Palestine. A l'âge de seize ans, il épousa Cléopâtre 1ère, fille d'Antiochus, qui lui apporta en dot la Syrie. C'est elle qui est mentionnée sur la pierre de Rosette en même temps que son mari qui porte le surnom d'Epiphane-Eucharistos, ce qui signifie illustre et bienfaisant. Sous son règne, il y eut des insurrections qu'il réprima. II mourut en 180.

Son fils Ptolémée VI était en très bas âge et régna sous la tutelle de sa mère Cléopâtre 1ère jusqu'en 173 environ, année au cours de laquelle celle-ci mourut. C'est pourquoi il fut appelé Philomètór, qui aime sa mère. Alors qu'il était totalement orphelin, ses conseillers l'engagèrent dans une guerre contre Antiochus, roi de Syrie, qui le fit prisonnier. La ville d'Alexandrie se révolta alors et proclama roi son frère cadet qui prit le nom de Ptolémée VII. Mais Antiochus, ne pouvant faire le siège d'Alexandrie rétablit Ptolémée VI à Memphis. Leur sœur commune, Cléopâtre II, épouse de l'aîné, les mit d'accord et régna conjointement avec eux.

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Le groupe hiéroglyphique qui les désigne tous trois peut se lire: "La très intelligente jeune femme s'est appliquée à rapprocher les deux grands rois ennemis en commettant un adultère: pour une seule reine, deux maîtres." Parson absence de sens moral, Cléopâtre II préfigurait son homonyme, dernière souveraine de sa race, Cléopâtre VI. Ptolémée VI associa d'abord à son trône son premier fils sous le titre de Ptolémée VIII Euphator, c'est-à-dire, au bon père. Mais Ptolémée VII qui avait l'ambition de régner seul en Egypte le fit disparaître vers 146. Ptolémée VI le remplaça par son cadet, Ptolémée IX, Philopatór Neos, c'est-à-dire qui renouvelle celui qui aimait son père avant de mourir vers 144. Alors Ptolémée VII supprimait Ptolémée IX et devenait seul roi d'Egypte. Il prit le surnom d'Evergète II et épousa la veuve de son frère et sa sœur, Cléopâtre II qui était en même temps la mère de sa première femme. Celle-ci lui donna un fils qui reçut le nom de Memphitès. En 133, Evergète II qui avait exaspéré le peuple par ses cruautés dut s'enfuir à Chypre avec Cléopâtre III et Memphitès et Cléopâtre II régna seule en Egypte. Evergète II finit par rentrer à Alexandrie avec l'appui d'une armée vers 130 tandis que Cléopâtre II qui avait encore des partisans en Thébaïde se réfugiait en Syrie jusqu'en 127, époque à laquelle elle se réconcilia avec Evergète II qui mourut vers 116.

Ptolémée X Sôter II monté sur le trône à la mort d'Evergète II le 21 septembre 117 régna d'abord jusqu'en 106, année au cours de laquelle sa mère Cléopâtre III provoqua un soulèvement qui l'obligea à fuir en Séleucie d'abord, puis à Chypre. Celle-ci fit revenir de cette île où il se trouvait son fils préféré Ptolémée XI dit Philopatòr-Philadelphe-Alexandre 1er. Celui-ci s'était déjà fait proclamer roi dans son île dès 114. Il régna alors en Egypte avec sa mère de 106 à 97, année au cours de laquelle elle mourut. L'épouse de Ptolémée XI, Bérénice III, fille de Ptolémée X, la remplaça dans ses fonctions religieuses, mais fut peut-être répudiée au profit de Cléopâtre V. Ptolémée XI fit curer le canal des deux mers ensablé et fut chassé par le peuple vers 87. Il revint en Egypte au bout de quatre mois à la tête d'une armée de mercenaires et voulut s'emparer du cercueil en or d'Alexandre le Grand; mais il fut pris et tué. Ptolémée X revint régner en Egypte avec sa fille Bérénice III qui prit le nom de Cléopâtre IV. Mal accueilli en Haute-Egypte il marcha sur Thèbes et la livra à la fureur des soldats. Il mourut en 79.

Le fils de Ptolémée XI et de Bérénice III dut naitre en 123, année du deuxième centenaire de la mort d'Alexandre le Grand. Ceci explique qu'il ait été nommé Ptolémée XII-Alexandre II. Il fut vice-roi de Ptolémée XI. Quand celui-ci fut tué par le peuple en 87, il se réfugia à Chypre jusqu'à la mort de Ptolémée X en 79. A peine arrivé en Egypte, il fit périr sa fille ou sa femme; le peuple exaspéré le tua après un règne qui n'avait duré que 19 jours.

Il fut remplacé par le fils d'une concubine de Ptolémée X, Ptolémée XIII qui fut appelé Neos Dionysos, le nouveau Bacchus et Aulète, le joueur de flûte. Il épousa Cléopâtre VI. Il fut chassé d'Alexandrie en 55 et fut remplacé pendant un an par sa fille Bérénice IV. Il rentra à Alexandrie grâce à l'aide des Romains et régna jusqu'à sa mort en 50. Le fils d'Aulète, Ptolémée XIV, n'était âgé que de 13 ans à la mort de son père. Il partagea le pouvoir avec sa sœur Cléopâtre VII qu'il épousa alors qu'elle avait 17 ans. Le Romain Pompée fut nommé tuteur de ces jeunes gens; mais lorsqu'il fut vaincu par César à Pharsale, il s'enfuit en Egypte auprès de ses pupilles. Ptolémée XIV le fit égorger, ce qui n'empêcha pas à César de débarquer à son tour en Egypte avec une armée. Il fut assiégé par Ptolémée XIV dans Alexandrie et dut brûler sa flotte pour qu'elle ne tombe pas aux mains des Egyptiens. Il se sauva à la nage et écrasa l'armée égyptienne. Pendant la bataille, le navire qui portait Ptolémée XIV coula et le jeune pharaon se noya. C'était en 47. Auparavant Cléopâtre s'était introduite auprès de César, portée sur le dos d'un esclave et l'avait conquis en se livrant à lui. César lui assura la royauté en Egypte. Elle dut épouser son second frère âgé de 11 ans, Ptolémée XV. Mais le 17 juin 47, elle mettait au monde un fils né de ses relations avec César qui fut nommé Césarion-Ptolémée XVI. Elle suivit son amant en Italie et empoisonna son frère Ptolémée XV. Après l'assassinat de César le 15 mars 44, elle devint la maitresse d'Antoine qu'elle décidait à la rejoindre en Egypte. En 36, celui-ci répudiait sa femme Octavie et épousait Cléopâtre. Du fait de cette union, il devint co-souverain d'Egypte où il fut nommé consul. Pour plaire à son épouse, il agrandit le royaume de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine, d'une partie de la Cilicie et de l'Arabie des Nabatéens. Il dota les deux fils que lui avait donnés Cléopâtre de riches provinces et celle-ci les proclama rois. Octave, l'associé d'Antoine dans le triumvirat, l'accusa de démembrer l'empire à son profit. Le Sénat chargea Octave de diriger la guerre contre Cléopâtre qui fut vaincue dans la bataille navale d'Actium. Les deux époux se donnèrent la mort et Octave fit périr Césarion. Ainsi prenait fin la XXXIIIème dynastie. L'Egypte devenait une province romaine.

XXXIVème  DYNASTIE  ROMAINE

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Octavien-César-Auguste, vainqueur d'Antoine régna dès lors sur l'Egypte du 1er août 30 avant Jésus-Christ à l'an 14 après Jésus-Christ. On peut le considérer comme le fondateur de la XXXIVème dynastie romaine. En effet les empereurs romains ont conservé sur l'Egypte les prérogatives des pharaons; ce sont eux qui figurent nominativement dans les cérémonies religieuses à la place que tenaient les rois indigènes; comme les rois de la XXXIIIème dynastie, ils ont les honneurs de la divinisation dans le panthéon égyptien; s'ils gouvernent l'Egypte par l'intermédiaire de préfets, les rois des dynasties perses l'ont fait par l'intermédiaire de satrapes; puis quand l'empire romain commence à se désagréger, les Alexandrins font du préfet de l'Egypte leur empereur particulier; enfin, les Egyptiens eux-mêmes ont fait de César-Auguste, premier empereur romain, un chef généalogique ainsi que le montrent certaines de ses inscriptions hiéroglyphiques comme celle-ci: "Le maître à qui il appartient grandement d'être élu divinisé; le sublime chef généalogique." (voire figure)

A Octave succéda Tibère, de l'an 14 à l'an 36. Sur la fin de sa vie, en proie à des infirmités, Tibère fit prier dans les temples égyptiens pour obtenir le retour à la santé. Macron, préfet du prétoire, le délivra de ses maux en l'étouffant sous des coussins à la grande joie de ses courtisans.

Caligula, proclamé par les troupes et le Sénat, fut accueilli avec enthousiasme, mais après huit mois d'un règne heureux, il tomba malade et sa raison en resta troublée. Atteint de mégalomanie, il se substitua à tous les dieux; il fit périr nombre de personnes distinguées. Il voulut célébrer une grande cérémonie religieuse en Egypte. Comme il n'y avait pas d'anniversaire ou de jubilé en vue, le clergé égyptien n'osant résister à sa volonté, fit célébrer en 39 le 22ème centenaire de l'amnistie de Maïa, de Ptah et de Thoth. Caligula mourut le 24 janvier 41.

Le successeur de Caligula, Claude, mort le 13 octobre 54, abolit les sacrifices humains; cette suppression ne fut qu'incomplètement réalisée en Egypte.

Néron qui vint ensuite, en même temps qu'il persécutait furieusement les chrétiens, accueillait à Rome comme cultes d'Etat les cultes alexandrins, ce qui souleva les protestations de Lucain. Il envoya une expédition aux sources du Nil et fut remplacé le 9 juin 68 par Galba, proclamé empereur par des légions d'Espagne révoltées contre sa cruauté. Galba fut massacré après sept mois de règne, le 15 janvier 69. Othon qui le remplaça ne régna que 3 mois car les légions de Germanie qui n'admettaient pas que la garde prétorienne s'arrogeât de leur imposer un empereur, proclamèrent leur général Vitellius qui vainquit Othon. Mais de leur côte les légions d'Orient proclamèrent empereur le 1er juillet 69 leur général Vespasien qui jeta Vitellius aux gémonies en 70.

Vespasien, après un règne glorieux de dix ans mourut le 23 juin 79. Par lui-même et par son fils Titus il écrasa la révolte des Juifs de Palestine qui périrent par centaines de milliers; le temple de Jérusalem fut incendié.

Titus, le vainqueur de Jérusalem, monta sur le trône à la mort de son père et se montra le modèle des empereurs. Malheureusement il fut empoisonné le 13 septembre 81 par son frère Domitien qui aspirait à l'Empire.

Domitien n'étant alors que prince avait été chargé par son père de le remplacer en Egypte dans la triakontadéride de 74. Ce fait est consigné sur l'obélisque Pamphile qui se trouve à Rome. Il mourut assassiné à son tour le 18 septembre 96.

Le Sénat confia alors l'Empire à Nerva qui fut le chef d'une nouvelle lignée, celle des Antonins. Il régna moins d'un an et demi et mourut le 27 janvier 98.

Son fils Trajan, excellent empereur aux yeux des païens fut un grand persécuteur des chrétiens; des inscriptions hiéroglyphiques en ont conservé la trace. Il fit dégager le canal des deux mers et le rendit à la navigation.

Trajan fut remplacé le 11 août 117 par Hadrien. Celui-ci abolit définitivement les sacrifices humains qui se pratiquaient encore en Egypte; il permit cependant que l'on y continuât l'usage de l'immersion de la fiancée du Nil comme le confirment ses inscriptions. Après avoir vaincu une dernière révolte des Juifs de Palestine, il édifia en 135 sur l'emplacement de la ville et du temple de Jérusalem une nouvelle cité qu'il appela de son nom Aelia Capitolina. Il mourut le 10 juillet 138 après avoir visité l'Egypte avec l'impératrice Sabine.

Antonin le Pieux, ainsi nommé à cause de l'affection qu'il témoignait à son père adoptif, avait été chargé par Hadrien de célébrer en Egypte le jubilé de 134. Quelques jours après son avènement le 1er Thòout, jour initial de l'année sothiaque coïncida avec l'apparition de Sothis. Ce triple événement fut commémoré par une frappe de médailles. Cet empereur développa le port d'Alexandrie et prit des mesures pour soustraire plus complètement aux tempêtes les navires qui y entraient et y séjournaient. Il mourut le 7 mars 161.

Le seizième souverain, Verus, ne fut en fait que l'associé de Marc-Aurèle; il mourut avant lui fin avril 169 et fut sans doute plus particulièrement chargé du gouvernement de l'Egypte car c'est de lui que l'on a des inscriptions se rapportant aux cérémonies qui y furent célébrées de 161 à 169.

Le règne de Marc-Aurèle (mars 161-mars 180) fut marqué par la dévastation de l'Egypte par les bandes armées d'Isidore et par la révolte d'Avidius Cassius qui se fit proclamer empereur.

Marc-Aurèle eut pour successeur son fils Commode qu'il avait déjà associé à l'Empire. Le règne personnel de celui-ci dura du 17 mars 180 au 31 décembre 192. Ce lâche empereur prit le parti d'acheter la paix aux barbares pour être tranquille sur ses frontières; il put ainsi fermer le temple de Janus.

A Commode assassiné par une femme de sa cour succéda le sénateur Publius qui, trop sage administrateur, fut bientôt tué par les prétoriens le 28 mars 193.

Didius-Julianus, un autre sénateur, crut habile de se concilier les prétoriens en leur promettant à chacun 6250 drachmes. Il fut élu empereur mais les légions n'acceptèrent pas son élection et il fut tué par Septime Sévère élu par les légions d'Illyrie.

Niger, élu par les légions de Syrie en avril 193, vit se dresser contre lui Septime Sévère et Albinus, élu par les légions de Bretagne. Mais Septime ayant triomphé d'Albinus marcha contre Niger et le vainquit en 194.

Septime Sévère régna d'Avril 193 au 4 février 211. Il s'était associé ses deux fils, Caracalla à partir de 198 et Geta à partir du milieu de 200; mais tous deux comptèrent leurs années de règne à partir de l'avènement de leur père car ils participèrent au jubilé de 194 en tant que ses délégués en Egypte. Peu après la mort de son père, Caracalla poignarda son frère entre les bras de sa mère pour régner seul en 212; il fut à son tour tué le 8 avril 217 par Macrin, préfet du prétoire, qui se fit proclamer empereur et associa au trône son fils Diadumenianus. Macrin fut égorgé par ses soldats le 8 juin 218. Le règne de son fils prit fin en même temps.

Macrin eut pour successeur Héliogabale qui eut la tête coupée par les prétoriens en 222. Celui-ci fut remplacé par son cousin Alexandre Sévère qui fut un empereur modèle; les persécutions religieuses prirent fin; les lettres et les arts purent refleurir sous l'égide d'un prince honnête et vertueux qui se pénétrait souvent des maximes de l'Evangile et s'entourait de sages conseillers. Malheureusement il fut assassiné en 235 par un de ses généraux, Maximin, qui revêtit la pourpre.

Maximin s'associa son fils Maximin II. Il ne se contenta pas d'ouvrir la sixième persécution contre les chrétiens; il décima la noblesse et le Sénat. Les Africains las de sa tyrannie lui opposèrent Gordien 1er qui s'associa son fils Gordien II; celui-ci périt dans un combat et son père se tua de désespoir en 238.

Le Sénat nomma alors deux empereurs, Pupien qui devait commander les armées et Babin qui avait le gouvernement civil. Maximin marcha contre eux, mais il fut égorgé par ses soldats; Pupien et Babin connurent le même sort et Maximin II disparut en 238.

Les légions proclamèrent ensuite Gordien III, fils de Gordien II, âgé de 13 ans seulement. Son règne de six ans fut heureux, mais en 244, l'Arabe Philippe, ancien chef de brigands, le tua et se fit proclamer empereur avec son fils Philippe II. Philippe à son tour fut tué en 249 dans la bataille contre Dèce que lui avaient oppose les légions et qui périt lui-même en combattant les Goths en 251. Philippe II avait naturellement été écarté du trône par Dèce.

Gallus qui succéda à Dèce en 251 après avoir signé une paix honteuse avec les barbares fut tué par ses troupes alors qu'il marchait contre son concurrent Emilien. Celui-ci, proclamé empereur en 253 ne régna que quelques mois.

Valérien son successeur parvint au trône au moment où toutes les frontières de l'Empire étaient envahies. Cette situation n'empêcha pas les Egyptiens de célébrer en une seule cérémonie le centenaire de la mort d'Apophis le Grand, le jubilé et le centenaire de la mort de Misraïm. Valérien ordonna en 257 la huitième persécution. Trois ans après, Sapor II, roi de Perse, mit fin à son règne en le faisant prisonnier; il lui servit de marchepied pendant huit ans avant de mourir.

A Valérien prisonnier succéda son fils Gallien qui s'associa son fils du même nom. Les deux Gallien régnèrent théoriquement de 260 à 268; mais durant les trois dernières années de son règne, Gallien laissa les provinces se donner des empereurs particuliers. On vit jusqu'à dix-sept généraux revêtir simultanément la pourpre. C'est à ce moment-là que les Alexandrins élurent empereur leur préfet Emilien dont le règne dura moins de trois ans.

Emilien fut remplacé par l'usurpateur Macrien qui s'associa ses deux fils Macrien II et Quietus. Ils régnèrent de 268 à 270 environ.

C'est alors que la célèbre reine de Palmyre Zénobie se rendit pendant quelques années maitresse de l'Egypte jusqu'à ce qu'elle soit vaincue en 273 et soit emmenée captive par l'empereur Aurélien.

Un commerçant alexandrin, Firmus, saisit alors la couronne d'Egypte. Après avoir lutté quelque temps contre le général Probus envoyé par Aurélien, il fut vaincu vers 275.

Durant ces années de troubles, l'Empire avait connu comme souverains normaux Claude II, vaillant soldat qui mourut de la peste après deux années de règne et Aurélien. Celui-ci régna environ cinq ans et demi. Persécuteur des chrétiens, il fut aussi très dur à l'égard de ses soldats et périt assassiné par son secrétaire en 270.

Le sénateur Tacite fut alors mis à la tète de l'Empire, mais bien qu'il eut comblé ses soldats de largesses, ils le tuèrent après six mois de règne.

Probus, vainqueur de Firmus parvint alors au pouvoir et l'exerça dignement; mais il fut lui aussi massacré par ses soldats qu'il avait accablés de travaux en 282. Il avait du intervenir en Egypte contre l'usurpateur Saturninus et avait, à cette occasion, expulsé les Blemmyes de la Thébaïde.

Carus succéda comme empereur à Probus; il se montra rigide comme lui et subit le même sort après un an et demi de règne (282-283). Ses deux fils Carin et Numérien le remplacèrent. Celui-ci fut tué par Aper au retour d'une expédition en Perse vers 284. Dioclétien le vengea et se fit proclamer empereur. Carin qui marchait contre l'usurpateur fut tué vers 284 dans une bataille où Dioclétien, quoique vaincu, gagna la possession paisible du trône.

Le début du règne de Dioclétien devint pour les Egyptiens l'origine d'une ère nouvelle commençant le 29 août 284 qu'ils nomment ère des martyrs en mémoire des cruelles persécutions que cet empereur fit subir aux chrétiens. Dioclétien manifesta son hostilité au christianisme mais ne se montra pas favorable à l'ancienne religion égyptienne car il ne célébra pas sous son règne les anniversaires des morts de Ludim, d'Ananim et de Luhabim et de l'arrivée de Misraïm. Il eut à réprimer une importante révolte dirigée par Achilleas; il le fit avec une extrême rigueur. En 305 il abdiquait et obligeait son collègue Maximien à faire de même.

Les deux Augustes démissionnaires furent remplacés par les deux Césars qu'ils s'étaient adjoints: Galère et Constance Chlore. Ce dernier dont la femme était Sainte Hélène refusa de persécuter les chrétiens et mourut en 306 en laissant un fils, Constantin, qui fut proclamé par les légions et prit le titre d'Auguste. Galère, féroce persécuteur, mourut à son tour en 311 au milieu d'horribles souffrances et fut remplacé par Licinius. Galère et Constance Chlore s'étaient associés en tant que Césars en 305 Maximin Daïa qui gouverna l'Egypte et la Syrie et Sévère qui eut l'Afrique et l'Italie; tous deux prirent le titre d'Auguste. Sévère fut tué en 307 par Maximin qui, vaincu par Licinius, s'empoisonna.

Rome mécontente de se voir délaissée par les empereurs se souleva et proclama Maxence qui prit le titre d'Auguste et s'adjoignit son père Maximilien en qualité de César. Peu après il l'obligeait à abdiquer. Ensuite Maximilien essayait de dépouiller son gendre Constantin. Mais il fut vaincu par lui en 310. Constantin marcha ensuite contre Maxence maître de Rome et le vainquit le 28 octobre 312. Ce dernier se noya en traversant le Tibre.

Le monde n'eut plus alors que deux maîtres: Constantin et Licinius. En 313 ils publièrent ensemble le fameux édit de Milan qui proclamait la liberté absolue des cultes. Mais Licinius, ardent sectateur du paganisme, viola l'édit de Milan et renouvela la persécution. Sommé par Constantin de le respecter, Licinius, encouragé par les magiciens et les prêtres païens qui lui promettaient la victoire, déclara la guerre à Constantin; il fut vaincu dans deux batailles et en 324 celui-ci, qui le soupçonnait de vouloir se révolter, le fit mettre à mort avec son fils.

Constantin, seul maître de l'empire, se déclara officiellement le protecteur des chrétiens; c'était pratiquement la fin du paganisme en tant que religion d'Etat bien que l'empereur en eût laissé le culte généralement libre. On peut penser cependant que, s'il ferma les temples d'Esculape et de Vénus, où se commettaient des infamies, il dut interdire les sacrifices humains que l'Egypte avait conservés au moins sous la forme de l'immersion d'une vierge dans le Nil.

Aux yeux des Egyptiens, les jubilés et les anniversaires tiraient leur efficacité de la présence active du roi ou de son représentant direct. Or Constantin, virtuellement chrétien et qui aimait à s'appeler "l'évêque du dehors", ne pouvait décemment présider les grandes cérémonies du paganisme égyptien. Dès lors les inscriptions hiéroglyphiques qui avaient perdu leur but en tant que louanges des rois officiants, n'eurent plus de raison d'être. Le triomphe éphémère du paganisme sous Julien l'Apostat (361-363) n'y changea rien étant donné qu'aucune cérémonie ne s'était présentée sous son règne.

Constantin montra son orthodoxie en réunissant le conciles de Nicée contre Arius, diacre d'Alexandrie qui niait la divinité de notre Seigneur Jésus Christ. Il mourut en 337 et si certains de ses successeurs versèrent dans l'arianisme et persécutèrent les chrétiens orthodoxes, leur position à l'égard du paganisme n'en fut pas modifiée. En 389, un édit de Théodose ferma tous les temples païens: l'antique religion d'Egypte avait définitivement vécu.


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Ceshe 1999 -