Testata


LES PHARAONS DE L'ANCIEN EMPIRE

SCIENCE ET FOI

Yves NOURISSAT


Après avoir, dans la conférence intitulée "Les Fondateurs de l'Egypte, Cham, Misraïm et ses six fils", commencé l'histoire égyptienne, nous allons la poursuivre en racontant celle des pharaons des onze premières dynasties qui ont régné souvent simultanément sur des provinces du royaume, prenant la suite des fondateurs. Pour simplifier, nous suivrons l'ordre des dynasties comme Fernand Crombette dans sa Véridique Histoire de l'Egypte Antique que nous résumons et nous l'illustrerons de cartes et de tableaux synoptiques pour bien faire ressortir les simultanéités.

PREMIÈRE DYNASTIE THINITE
La première dynastie ne fut pas la seule première dans le temps, mais elle eut pour premier chef Ananim-Ménès qui était le suzerain de ses frères et qui eut quelque temps pour capitale Thinis. Celui-ci partagea son royaume entre ses trois fils, Athothis, l'aîné, qui régna à Thinis comme suzerain de ses frères, Kenkenès ou Curudès, le second qui revint de Crète et gouverna les nomes XIII et XIV de Haute-Egypte et les nomes III, VII et XIX du Delta, et enfin le cadet Ouenephès qui régna sur les nomes II, IV et V du Delta et sur le nome XII de la Moyenne Egypte.

Athothis 1er régna de 2114 à 2085 et collabora étroitement avec Tosertasis, roi memphite de la IIIe dynastie qui célébra ses funérailles et le divinisa à cause de ses travaux en matière de médecine et d'architecture. Manéthon avait en effet observé qu'Athothis avait construit le palais royal de Memphis et s'était occupé d'études d'anatomie.

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Kenkénès est nommé aussi par Eratosthène "Athothes II". Il avait d'abord régné en Crète avec sa mère Mounikhia et revint sur le trône de Cusæ à la mort de son père comme vassal de son frère aîné. Il devint suzerain à la mort de celui-ci et régna encore 15 ans. Juste avant la fin de son règne, en 2071, il célébra en Abydos le centenaire de l'exploration d'Osiris. C'est sans doute la raison pour laquelle on a retrouvé dans presque toutes les chambres latérales du tombeau d'Osiris de grandes jarres coiffées de bouchons estampillés au nom de Kenkénès dont le signe représente deux murs accolés soutenus par des contreforts. Ceci évoque sans doute le fait que Kenkénès renforça le mur qui protégeait Memphis pour résister à la poussée des eaux et des sables.

Le troisième fils de Ménès, Ounephès ou Ouenephrès fut vassal de 2114 à 2069. Il régna encore ensuite 21 ans à Hermopolis et mourut en 2048. Son règne quoique long fut effacé et ne se signala guère que par des cérémonies religieuses. Sous celui-ci l'Egypte fut atteinte d'une grande famine de 2101 à 2095 environ.

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Le cinquième roi de la 1ère dynastie est nommé Ousaphais ou Ousaphaidos. Comme l'Africain ajoute qu'il était fils, c'était sans doute d'Ouenephès qui avait voulu que la préséance soit conservée dans sa branche et qu'il soit le suzerain de ses cousins de Thinis et de Cusæ. Mais ceux-ci se liguèrent pour l'éliminer et se partager son domaine. Son règne dura dix ans. Il fut un grand architecte: ses inscriptions révèlent qu'il fut l'inventeur des maisons à étages et des édifices à coupole; il imagina également le procédé du quadrillage pour la reproduction à grande échelle sur les monuments des dessins exécutés en petit à l'atelier; enfin il est probable que c'est lui qui fit accoler à la cabine des capitaines de vaisseau un fétiche protecteur et un signe de commandement car c'est dans une de ses inscriptions qu'on en retrouve la représentation. Ses découvertes le firent diviniser après sa mort.

Vient ensuite sur les listes royales un roi nommé Niébais ou Diabiès qui était le fils d'Athothis. Il dut donc prendre la suite de son père à Thinis, mais fut vassal jusqu'à la mort d'Ousaphaidos en 2038, date après laquelle il régna comme suzerain pendant 13 ans jusqu'en 2025. Il est surnommé Philothéros, ce qui prouve, comme l'indiquent également ses inscriptions qu'il fut l'ami non seulement de son cousin lésé comme lui, mais aussi des courtisanes, de la boisson, de la danse, de la musique, de la poésie, des arts et de la chasse. Quand il fut parvenu au pouvoir suprême, il fut victorieux dans la guerre contre les Bedjas. Sur un monument de grande notoriété, la Palette d'Hiéraconpolis, le roi se vante d'avoir fait 6000 prisonniers qu'il a immolés, d'avoir fait fuir 20.000 hommes et d'avoir détruit leur place forte. Crombette a analysé la Palette dans le tome I du Livre des Noms des Rois d'Egypte. Comme Ouenephrès, le roi avait voulu associer son fils Oubienthis à l'administration du royaume, mais à sa mort le pharaon de Cusæ réagit vigoureu-sement et s'imposa comme suzerain; il déchut Oubienthis de la royauté et le bannit.

Le nouveau suzerain avait été vassal depuis la mort de son père Athothis II en 2069. Eratosthène le nomme Pem-phos ; mais d'autres le nomment Semempsès. En prenant le pouvoir suprême en 2025 pour se venger de Miebidos qui avait voulu l'écarter de la suzeraineté, il fit éliminer son nom des inscriptions monumentales, et il régna 9 ans. Ses inscriptions proclament qu' "il avait perdu l'espoir de devenir maître du troupeau, mais qu'il est parvenu au résultat de tous les supplanter." Au cours de son règne, il n'eut à célébrer qu'une seule cérémonie: la fin du jubilé de 2025 laissé inachevé par son prédécesseur. Il ne semble avoir eu d'autre activité particulière que de développer l'usage du sceau en forme de bouchon de champagne institué par Chasluim pour remplacer le cylindre sumérien.

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A la mort de Semempsès, Oubienthis l'exilé ressaisit le pouvoir et l'occupa encore 13 ans, soit jusqu'en 2003. L'Africain le nomme Bienekès. Son nom est aussi représenté par un hiéroglyphe qui comporte une fleur dans laquelle se trouve une tête à l'envers. On le lit Kaschnebiô Djô Sa, ce qui signifie Lire à l'envers Kaschnebiô qui donne Biônekasch d'où provient Bienekès le nom grec. Pourquoi ces complications? C'est parce que le hiéroglyphe se lit aussi: Le chef qui a mis sous la masse la canne qui produit du sucre. C'est en effet ce roi qui eut le premier l'idée d'extraire le sucre de la canne dont des plants avaient sans doute été entraînés par le Nil depuis le centre de l'Afrique comme le raconte la Chronique qui nous dit que sous Nepherchérès les eaux du Nil furent mêlées de miel, autrement dit de sucre. On peut expliquer par son origine égyptienne le nom grec du sucre Sakkharos qui vient de Sak, Kasch, Ra qui signifie: Ce qui est fait en écrasant la canne.

DEUXIÈME DYNASTIE THINITE
Cette dynastie comprend des pharaons qui régnèrent comme ceux de la première dans le domaine de Ménès, mais alors que celle-ci avait été une polyarchie, cette dernière fut une monarchie de sept rois successifs.

Le premier pharaon est nommé par Eusèbe Bochos. Dans une de ses inscriptions, le roi déclare que les abjects voleurs des temples ont été enlevés de la région postérieure du Delta et que les Troglodytes des confins qui étaient venus en Haute-Egypte ont été abattus. Ainsi Bochos a sauvé l'Egypte d'un double danger dont n'avaient pas su la préserver les autres pharaons ses collègues. Ces deux attestations de victoire dénotent que l'Egypte avait des voisins assez nombreux pour l'envahir malgré ses places fortes et ses murs de défense; que les troubles dynastiques avaient dû mettre l'Egypte en désarroi, ce qui avait facilité son invasion; que Bochos devait être le plus habile des généraux de l'Egypte à l'époque; qu'il put profiter de la faiblesse de ses rivaux pour s'imposer à eux après ses triomphes sur les étrangers. Le nom grec de Boethos a d'ailleurs le sens de défenseur et l'étymologie copte pourrait donner: Qui a le bâton de commandement sur un grand nombre. C'est pourquoi il peut se vanter d'avoir aggloméré le Nord, la région de Memphis et le Sud. Il apparaît d'autre part comme le suprême grand-prêtre et l'une de ses inscriptions le présente nettement comme chef d'une nouvelle dynastie. Il semble donc bien qu'il ait tenu à l'époque une place prééminente à l'égard des autres pharaons. D'après l'Africain, Bochos aurait régné 19 ans, soit de 2003 à 1984. C'est à son avènement qu'eut lieu la surrection de l'Atlantide et l'abaissement de l'Himalaya en même temps que l'apparition de l'océan Scythique qui modifièrent profondément l'aspect de la terre, isolèrent la Chine et permirent le peuplement de l'Amérique par les riverains de l'océan Atlantique comme nous l'avons exposé en détail dans notre Esquisse de l'histoire de l'humanité du Déluge à l'époque d'Isaïe.

Le second roi est nommé par l'Africain Kaiechos. La Chronique relate que de son temps on commença à adorer Apis à Memphis, Mnévis à Héliopolis et un bouc à Mendès. Apis était une réincarnation de Misraïm, Mnévis était l'image de Ménès et le bouc adoré à Mendès représentait Osiris. Ainsi le roi affichait une croyance à la métempsychose qui fut peut-être une des causes de l'adoration des animaux par les Egyptiens. Le règne de Kaiechos dura de 1984 à 1969.

Il fut suivi par Binothris qu'Eusèbe nomme Biophis. La Chronique nous apprend que c'est à partir de son règne que la loi rendit les femmes aptes à succéder à la couronne. Une de ses inscriptions se traduit en effet: "Celui qui a permis de porter les ustensiles du culte divin devant les figures du bouc et du bœuf célestes et de mettre à la tête celle qui est devenue reine, le lien généalogique étant brisé." Ainsi la divinisation complète des animaux par le droit à l'encens fut l'œuvre de Binothris qui, n'ayant pas d'héritier mâle, voulut essayer d'assurer le trône à sa femme. Son règne dura de 1969 à 1941.

Le roi qui lui succède est nommé par les Grecs Tlas. Ce dut être un grand élevé au trône car une de ses inscriptions se lit: "Une voix unanime a élevé celui dont la parole suffit à inspirer la crainte." Un autre texte complète le précédent: "La dame se lamentait sur la fin du maître; en l'épousant il est entré dans l'héritage." Tlas a donc régularisé son pouvoir en devenant le mari de la veuve de son prédécesseur. Avant d'être roi il devait être un général redoutable. Son règne prit fin en 1932.

Dès 1932 Tlas s'était associé celui qui devait être son successeur, Sethenès, soumis lui aussi à une élection. Ce dernier célébra les centenaires de la mort de Meuhê et des six fils de Misraïm avant de mourir lui-même en 1911 après 20 ans de règne personnel. Sethenès associa au trône son successeur Chairès qui ne régna que 8 ans de 1911 à 1903. Cette dernière année il avait célébré le centenaire de la fondation de la IIe dynastie. Mais six mois plus tard un tout autre régime s'établissait en Egypte et la IIe dynastie était supprimée.

TROISIÈME DYNASTIE MEMPHITE
Chasluim, fondateur de la IIIe dynastie, contemporaine de la 1ère, laissa son trône en 2118 à son fils adultérin au préjudice de ses enfants légitimes. Ce fils, non moins célèbre que son père a reçu les noms de Tosorthos, Stoichos, fils même d'Arès, Imouthès et Asclépios. Ce dernier passe pour avoir perfectionné l'écriture et ajouté une écriture supplémentaire; c'est sans doute parce qu'il fit adopter l'usage d'aligner méthodiquement les hiéroglyphes et qu'il inventa l'hiératique ou tracé cursif de l'écriture hiéroglyphique. En disant que Stoichos est le fils même d'Arès, on entend qu'il fut le fils et l'imitateur du dieu de la guerre, l'Arès grec, qui est Chasluim. Son souci de l'ordre lui fit organiser une armée permanente dotée de l'alignement, des exercices, de la marche au pas, du groupement par nature d'armes comme le montrent des modèles réduits, à la taille de jouets d'enfants qu'on a découverts dans certaines tombes d'officiers. Quant aux éléments de science, de géométrie, il est certain qu'il en possédait et qu'il en établit pour pouvoir réaliser les constructions colossales qui peuvent lui être attribuées. On dit d'ailleurs que c'est lui qui inventa les constructions en pierres bien taillées grâce à un ciseau protecteur de la main de l'ouvrier. Ses connaissances médicales qu'il consigna dans des traités encore en usage aux premiers siècles de l'ère chrétienne et notamment la phytothérapie qu'il institua lui valurent d'être considéré par les Grecs comme le dieu de la médecine, Asklépios ou Esculape. Tosorthos fit valoir ses talents militaires dans des expéditions qui le menèrent jusqu'au Sinaï où l'on a retrouvé l'inscription de ses victoires. Il fut le constructeur du grand temple funéraire de Misraïm à Héliopolis et il participa à la construction de la pyramide à degrés de Saqqarah. Ce fut certainement un homme des plus remarquables et un grand souverain. Vers la fin de son règne, en son an 18, il y eut une période de sécheresse qui dut se prolonger jusqu'en 2095 et que ne surent pas abréger les sacrifices humains. Dans l'espérance d'obtenir le retour des hautes crues, Tosorthos fit présent aux prêtres d'Eléphantine du Dodécaschène prélevé sur la Basse-Nubie que lui avait cédée, au moins jusqu'à Meharraqah, l'un des fils de Luhabim pour obtenir son concours militaire contre Horus le Jeune. Dans la pensée de calmer les revendications des fils légitimes de Chasluim, il les avait établis en Nubie mais il transmit son trône à son propre fils Tosertasis et mourut en 2100.

Tosertasis appelé Gosormiès par Eratosthène ou encore Mesochris et Athothis, fut sans doute associé au pouvoir du vivant de son père. C'était mettre ses adversaires devant un fait accompli. Néanmoins ceux-ci s'agitèrent à la mort de Tosorthos; Tosertasis, roi guerrier, se vante de leur avoir fait mettre bas les armes. La Pierre de Palerme raconte à son sujet qu'il célébra en 2086 une triple cérémonie: un jubilé trentenaire, le centenaire de la naissance d'Athothis 1er et les funérailles de celui-ci. Il divinisa le défunt. L'inscription représente le roi porteur d'un sablier. Il en est peut-être l'inventeur car son nom parait venir du copte To, Sir, Tôsch, Schê qui signifie: "Le renversement de ce qui est aride mesure le temps passé." Tosertasis mourut en 2082 après 17 ans et demi de règne personnel.

Tosertasis fut suivi de son fils Sephouris-Achès, appelé par Eratosthène Mares uios autou Heliodoros. Ce roi représenté en hiéroglyphes par un pélican en posture de digestion dut être surtout un amateur de bonne chère. Cependant, dans une de ses inscriptions, il se glorifie d'avoir fait deux parts égales de deux grandes mesures. Le fils de Tosertasis fut surtout nommé Mares parce qu'il est l'inventeur du palme, longueur de la main ouverte de l'extrémité du pouce à celle du petit doigt étendus, qui valait une demi coudée. La grande coudée valait 0,6125m et donc le palme égyptien devait être de 0,3062m. Par la suite et selon les pays, le palme devint une mesure très variable, de 0,29m, 0,262m, 0,225m, etc... Les Hébreux avaient aussi comme unité de mesure le palme qu'ils appelaient Zéreth ou Spithama et qui valait 0,262m, soit la moitié de la petite coudée.

A Sephouris-Achès le glouton succéda Anoyphis-Epikomos également nommé Soyphis-Kerpherès. La première année de son règne, commencé en 2056, l'inondation fut particulièrement abondante et il en fut de même des récoltes. C'est pourquoi le roi mit dans ses armes une charrue sous l'eau et une main offrant un crochet au moissonneur. Ce pharaon eut aussi à repousser une invasion des Bedjas, ce dont il se glorifia par un bras en forme de hache. Enfin il célébra le centenaire de la mort de Misraïm. A cette médaille il y a un revers que les Grecs ont retenu dans les termes d'Epikômos, le coureur de fêtes; d'Anoyphis, le paresseux; de Soyphis, qui aime la bonne chère; de Kerphérès, le sans cœur, l'homme sauvage, celui qui tond les brebis par l'impôt. C'est d'ailleurs ce que disait déjà le copte car on pouvait voir par transcription dans l'écusson royal: "Celui qui a désiré ardemment d'autres femmes; qui a passé les jours de sa vie à se reposer couché; qui s'est répandu dans de grandes beuveries de débauche; qui a vécu pour boire, manger, s'accoupler, dissiper." Son règne prit fin en 2034. Il n'y a rien d'étonnant à ce que son fils Sirios soit dit Uios Korès, fils de courtisane. Celui-ci n'eut pas de règne personnel; il ne fut que le vice-roi de Sephouris-Achès. Un descendant des fils légitimes de Chasluim le chassa à la mort de son père et la IIIe dynastie prit fin.

QUATRIÈME DYNASTIE MEMPHITE
Avant d'étudier les pharaons de cette dynastie, nous allons nous demander avec Fernand Crombette d'où ils provenaient. Nous avons vu que dans l'intention d'apaiser les revendications des fils légitimes de Chasluim, Imouthès leur avait taillé un domaine en Nubie. En fait il leur avait donné un point d'appui pour faire valoir éventuellement leurs droits. Aussi songèrent-ils vite à reconquérir l'héritage paternel; ils organisèrent une armée et s'avancèrent vers la Haute-Egypte. Mais Imouthès battit les assaillants à Edfou, dans le nome Apollinopolite de Haute-Egypte. voici ce que dit Vigouroux, d'après Chabas, à propos de cette guerre: "Dans les beaux textes d'Edfou, publiés par Naville, nous lisons que le bon principe, sous la forme solaire de Haremakhou, triomphe de ses adversaires dans la partie sud du nome Apollinopolite. De ceux qui échappèrent au massacre, quelques-uns émigrèrent vers le midi, et devinrent les Coushites; d'autres allèrent vers le nord, les Amou; une troisième colonne se dirigea vers l'occident et devint les Tamahou; une dernière enfin vers l'est devint les Shasou (Naville, Mythe d'Horus)".

Fernand Crombette fait alors une longue exégèse de textes et d'inscriptions hiéroglyphiques qui permet d'éclairer ce texte obscur et il montre qu'en fait le nom de Kush donné à l'Ethiopie ne provient pas de celui du premier fils de Cham qui, avec sa descendance, avait peuplé l'embouchure de l'Euphrate, puis les côtes du Golfe Persique, de l'océan Indien et de la mer Rouge, mais signifie en copte "Le sommet supérieur de départ" autrement dit la source du Nil. D'ailleurs notre savant traduit une inscription hiéroglyphique que les égyptologues ont lu "Fils royal de Koush" par la proposition suivante: "Celui qui possède le pouvoir suprême du vrai fils du premier des célestes pour préserver avec soin les grands sommets de départ des eaux de la vallée contre les dommages." Il s'occupe ensuite des Tamahu en étudiant deux inscriptions citées par Daressy dans un article sur l'origine des Mâshauashas et montre qu'il s'agit en fait des Nasamons qui habitaient les deux dernières oasis libyennes voisines de la grande Syrte, celles d'Audjelah et de Maradeh et les anciens Ammoniens occupant de l'oasis de Syouah où se tenait le fameux oracle d'Amon, très fertile en blé, olives, raisins et dattes. Pour lui, les Shasu peuvent être identifiés grâce à une inscription citée par M. de Rougé qui signifie: "Ceux qui viennent des grands sables endommager les jardins et écraser les agriculteurs; les ennemis nombreux de la région montagneuse." Les grands sables dont il est question ici sont le désert Arabique et le désert de Korosko qui s'étendent entre le 19° et le 29° parallèle, de la vallée du Nil à la chaîne Arabique longeant la mer Rouge. Ces déserts sont parcourus par les Bédouins pillards Ouâsel, Ababdeh et Bicharieh dont les noms compris par le copte sont révélateurs: respectivement "Ceux qui font soudainement invasion pour piller", "Ceux qui avec une grande impétuosité portent le désordre", "Ceux qui pillent fréquemment avec impétuosité".

Du récit plus ou moins bien traduit par Naville, il faut retenir que dès le début de l'Ancien-Empire il y eut en Haute-Egypte une guerre qui se termina par la déroute de l'un des deux partis et que les vaincus se réfugièrent les uns au sud, en Ethiopie, d'autres par la route des oasis sahariennes dans les oasis Libyennes, au nord-ouest de l'Egypte, les autres enfin dans les déserts Arabiques à l'est du Nil. Dès lors les Nubiens, les Libyens, les Bédouins auraient une origine égyptienne, ce qui expliquerait leur parenté ethnique, leurs nombreux points communs de langage, de religion et d'usages avec les Egyptiens; ce qui ferait comprendre et un certain état d'hostilité latente entre ces peuples et l'Egypte, tenant à l'origine de leur éloignement, et la facilité avec laquelle ils s'installeront dans le Delta et la vallée du Nil à certaines époques de l'histoire et se mêleront aux indigènes. Il s'agit notamment de ceux qu'on a appelés "Mashauashas"; mais là encore Fernand Crombette veut faire une étude particulière.

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carte 1

Daressy cite deux inscriptions hiéroglyphiques pour justifier que ce dernier nom signifie "Habitant de la montagne de Shaua." En fait notre savant montre que ces inscriptions concernent les peuples appelés les Maces, les Maxyes, les Mazices, les Maclyes, les Massylii et les Massaesylii qui sont les habitants de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc actuels. Les trois premiers peuples étaient des pasteurs et les trois derniers des agriculteurs. Les inscriptions hiéroglyphiques précédentes concernent les Mazices, les Maxyes et les Maces et se lisent: "Ceux du pays des troupeaux à la limite du désert; ceux qui viennent de grande noblesse outrepassant celle qui vient en ordre supérieur, ennemis", cette grande noblesse étant figurée par une triple représentation de l'aigle, "Ceux du pays des troupeaux à la limite du désert; ceux qui viennent de grande noblesse ennemie", où l'aigle n'apparait que deux fois, et enfin "Ceux du pays des troupeaux à la limite du désert, d'extraction noble; ennemis", avec un seul aigle. Cette noblesse d'origine semble bien indiquer qu'il s'agit de descendants des fils légitimes de Chasluim, frustrés de l'héritage paternel et des princes de leur maison. Il pourrait bien en être de même en partie pour les Ammoniens et les Nasamons. C'est pourquoi nous ne devons pas être surpris de les voir attaquer l'Egypte pour faire valoir leurs droits. La carte 1 représente bien l'extension de ces différents peuples.

La défaite infligée par Imouthès aux fils légitimes de Chasluim que l'on peut situer vers 2110 ne fut pas totale car environ quinze ans plus tard l'Egypte dut conjuguer toutes ses forces pour repousser une attaque venue cette fois du nord-ouest de l'Afrique qui groupait les Ammoniens, les Nasamons et les Makai originaires du Maghreb. Cette seconde offensive échoua encore. Mais l'avachissement des derniers successeurs d'imouthès rendit aux descendants légitimes de Chasluim l'espoir d'une revanche qui eut lieu enfin en 2034 à la mort d'Anoyphis.

Le roi vainqueur qui fonda la IVe dynastie est nommé par les Grecs Sophis, le sage, par opposition à son prédécesseur Soyphis, l'amateur de plaisirs. Eratosthène l'appelle Chnoubos Gneuros; Chnoubos n'est que l'hellénisation du nom du roi sur la Pierre de Palerme: Kênoui Hi Boischi; c'est une variante du nom de Cnouphis attribué à Naphtuim. Gneuros doit signifier: de naissance élevée; c'est le "Snefrou" des égyptologues. Son règne dura 20 ans, de 2034 à 2014. Auparavant il avait dû remplir la fonction de vice-roi de Nubie où il était chargé de défendre la région d'Elephantine, porte de l'Egypte contre les agressions venant du sud. C'est ce qu'il fit d'abord en repoussant les Bedjas et peut-être des tribus anthropophages venues du centre de l'Afrique, les Nez-Percés. C'est dans ce poste qu'il dut nouer une alliance avec le dirigeant de la Haute Nubie; de là sans doute sa dévotion à Cnouphis, premier roi de ce pays. Peut-être même s'allia-t-il avec des rois noirs car sa femme que les égyptologues appellent Mertitefs offre, d'après sa tête publiée par Pétrie un type africain assez marqué; les souverains noirs ainsi flattés lui auraient fourni les troupes nécessaires à a campagne contre Sirios. Son nom sur la Pierre de Palerme: une fleur au-dessus d'un requin, signifie: "Le fils sorti de l'abandonnée a chassé le fils de la servante."

Durant son règne, il célébra plusieurs cérémonies importantes. Dans l'une des inscriptions qui s'y rapportent, il se dit: "Le maître qui attendait, vivant dans l'obscurité, est arrivé à l'honneur; il a prévalu justement sur l'histrion, le fils retardé de Chasluim le céleste et de celle qui avait été humiliée." Sur la Pierre de Palerme, ses écussons sont surmontés d'un objet qui semble être une sorte de fuseau transformable en navette parmettant de filer et de tisser. Il peut évoquer l'épouse légitime de Chasluim, ancêtre féminin de notre roi, réfugiée à saîs après son abandon qui l'aurait inventé. Il semble qu'en l'année 2021 se soit produit une crue exceptionnellement longue du Nil due à l'élévation extraordinaire des lacs africains car, du fait de l'impossibilité de travailler en temps utile, la perception des impôts dut être retardée d'un an; c'est ce qu'indique la Pierre de Palerme.

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Sophis passe pour être le constructeur de la pyramide à faces brisées de Dahchour, mais c'est à tort qu'on lui en attribue une seconde à cet endroit outre celle de Meidoun qui appartient à Meuhê. Enfin Weill remarque qu'avant notre roi les visages portaient une coiffure spéciale en frisons crépus, parfois en petites mèches disposées en zones horizontales et imbriquées comme des écailles que ne connait plus la IVe dynastie. Cette mode nouvelle tendrait à prouver qu'entre la IIIe et la IVe dynasties il y a un fossé généalogique réel encore accusé par une diversité d'origine locale des familles royales et des alliances matrimoniales très différentes.

Le successeur de Sophis fut Saophis ou Khaophis ou Khéops. Diodore l'appelle aussi Khemnis ou Arméos. Il est l'auteur de la plus grande de toutes les pyramides, qu'il put mener à bien car son règne dura 29 ans, de 2014 à 1985. Aucun édifice au monde n'atteint l'importance de cette pyramide; elle mesure 148 mètres de haut et a pour base un carré de 232 mètres de côté. Sa construction a nécessité l'extraction, le transport, la taille et la mise en place de plus de 2.500.000 blocs d'environ 1m3 et aurait absorbé environ 180.000.000 journées de travail. C'est la première pyramide qui soit parfaite au point de vue géométrique. Khéops est, comme il le dit dans une de ses inscriptions, le premier qui ait fait aller un sommet en ligne droite. A ce sujet, nous tenons à signaler un ouvrage de Piazzi-Smyth, astronome écossais du XIXe siècle intitulé "La grande Pyramide, pharaonique de nom, humanitaire de fait", qui montre que les proportions et les dimensions de ce monument révèlent une science très élevée chez ses constructeurs. Cet ouvrage introuvable a été recopié par un membre du CESHE à la Bibliothèque Nationale et est disponible au secrétariat. Nous vous en recommandons la lecture, même si certaines affirmations qu'il contient sont discutables. On se rend compte en le lisant que les Egyptiens qui ont construit la Grande Pyramide connaissaient la distance de la terre au soleil qui fut perdue par la suite et retrouvée seulement au XVIIIe siècle de l'ère chrétienne.

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Mais revenons-en à Khéops. Son surnom de Khemnis semble indiquer que le roi était de couleur noire car ce nom peut se comprendre par le copte Le fils de la femme noire. Ceci confirme l'hypothèse que son père Sophis avait dû épouser une princesse soudanaise. De là sans doute aussi le disque noir qui entre dans son écusson: il est le roi-soleil noir. Eratosthène le qualifie de Kômatès, ce qui peut se comprendre qui porte de longs cheveux mais peut évoquer également un amas de terre d'un tombeau et une digue pour empêcher le débordement qui se rapporteraient à la Grande Pyramide qui était à la fois un monument funéraire et une barrière contre les sables. notons enfin ce que dit Lefébure: "Un magicien vient avertir le roi Khéops que le Dieu Râ s'est uni à la femme d'un de ses prêtres pour que les enfants issus de cette union exercent la fonction bienfaisante de roi de cette terre entière."

Le pharaon suivant peut être nommé Tetoupheres. Ce roi qui figure sur les Tables de Sakkara et d'Abydos n'est pas mentionné par les scoliastes de Manéthon. Ce pendant il a sa pyramide, d'ailleurs inachevée; il a donc incontestablement vécu puisqu'il a son tombeau; il a même régné assez longtemps puisque sa pyramide était déjà assez avancée à sa mort; mais cela n'implique pas qu'il ait régné personnellement et c'est ce qui expliquerait son omission par Manéthon. il aurait été un collaborateur de Khéops, mais collaborateur d'importance car sa pyramide se nomme: Le chef a ordonné de faire son tombeau grand comme il faut pour un dieu. Ce tombeau, c'est la pyramide d'Abou Roas, limite septentrionale de la brèche de la chaîne libyque. Abou Roas a deux sens: Gardien du trou ou bien Le chef éclatant par la naissance, conçu du soleil. Le pharaon qui nous occupe semble donc bien être celui dont le magicien avait annoncé la naissance à Khéops. Son nom sur la table de Sakkara se traduit en effet: Le soleil venu du premier, le grand dieu qui s'est accouplé avec le sein de 'celle' du grand prêtre." Le sens est le même sur la table d'Abydos. Cette histoire rappelle trop l'inceste entre chasluim et Meuhê, qui donna naissance à Imouthès et le fils naturel privilégié et de cet autre inceste entre Rê et Isis qui eut pour fruit Horus le Jeune préféré aux héritiers légitimes. Nous sommes donc autorisés à penser que celui qui avait donné un fils à la femme du grand-prêtre n'était pas Rê mais Khéops et que le scénario du magicien ne fut imaginé que pour apaiser les craintes qu'aurait pu avoir le grand-prêtre sur la fidélité de son épouse et en même temps pour faire taire d'avance les revendications des enfants légitimes si un jour le bâtard attendu leur était préféré. Telle semble être l'explication rationnelle de la présence sur le trône de Tetoupheres. Celui-ci fut supprimé par Khephren, le fils légitime de Khéops, avant d'avoir pu régner personnellement; lui mort, son concurrent se garda bien d'achever la pyramide d'Abou-Roas; Khephren préféra entreprendre la sienne propre.

Le fils légitime de Khéops monta sur le trône en 1985; il y demeura d'après Eratosthène 27 ans, soit jusqu'en 1958. Il fut le constructeur de la seconde des pyramides quant à la taille. On l'appelle Khephren, Chabryès et Amosis. Eratosthène le surnomme Khrêmatistès, homme d'affaires. L'idée serait mieux rendue par Khrèmatikos, homme d'argent, homme cupide, car Hérodote raconte qu'il fatigua ses sujets par ses exactions et les ruina par la construction des grandes pyramides. Le reproche pouvait également s'adresser à son père; Maspéro a écrit à ce sujet: "Les historiens grecs ont recueilli l'écho des malédictions dont les Egyptiens chargèrent la mémoire de Khéops. Rien n'empêche de croire que cette révolte dont parle Diodore eut vraiment lieu: des statues de Khéphren, brisées, ont été retrouvées près du temple du Sphinx, dans un puits où elles avaient été jetées peut-être un jour de révolution." Cependant on peut objecter à Maspéro que Chasluim, Chnoubos et d'autres avaient déjà fait élever d'assez grandes pyramides sans soulever les protestations des Egyptiens et que ce ne sont pas les statues de Khéops, le constructeur de la plus grande des pyramides, qui ont été brisées, mais celles du seul Khéphren; il faut donc que celui-ci ait employé des procédés particulièrement vexatoires et violents pour faire rentrer les impôts et exécuter les travaux. Le surnom de Khrèmatistès peut aussi être rapproché du nom d'un lieu voisin d'Abydos: Krémastè que Parthey nomme Crambotis.

Crombette donne l'étymologie de ces deux noms par le copte: "Le sommet à pic du haut duquel on était précipité". Par là nous rencontrons à la fois l'explication de la réputation particulière d'avidité au gain qu'avait Khéphren et celle de l'extrême impopularité qu'il avait acquise et qui fit que la foule précipita ses statues dans un puits; c'est que ce pharaon, non satisfait du système de la bastonnade régulièrement appliquée aux redevables par tout percepteur qui se respectait en Egypte, faisait précipiter les insolvables du haut de la roche d'Abydos; lui mort, on appliqua à ses images le régime qu'il avait imposé à ses sujets vivants. Pour quelle raison Khéphren avait-il choisi le rocher d'Abydos afin d'en faire le lieu d'exécution des insolvables? C'est sans doute parce que c'est de là que le corps d'Osiris, enfermé vivant dans un cercueil par Typhon aurait été jeté dans le Nil ainsi que le raconte Plutarque. Khéphren avait certainement des raisons spéciales d'honorer Osiris car l'image de ce dieu se rencontre fréquemment dans sa titulature. En 1971, il célébra le deuxième centenaire de l'exploration de l'Afrique par Osiris.

A Khephren succéda son fils que le Syncelle appelle Menkhérès, Diodore, Menkherinos, Hérodote, Mykérinos, Eratosthène, Moskhérès avec la glose Heliodotos. On raconte que prématurément décédé il ne put faire construire qu'une petite pyramide qui est en effet la moins élevée des trois grandes. Mais cette explication n'est pas satisfaisante car, loin d'être mort très jeune, Mykérinos eut, d'après Eratosthène, scoliaste particulièrement sérieux, un règne de 31 ans, le plus long de sa dynastie. Guérin du Rocher, dans son Histoire des temps fabuleux peut nous éclairer car il dit: "Menchérès est condamné par l'oracle à mourir avant le temps, c'est-à-dire jeune, ce qui est inconciliable avec 31 ans de règne. Or, d'après Eratosthène, la VIe dynastie comprend un roi qu'il surnomme Echeschosocharas et qui correspond à Mentesouphis de l'Africain. Ce roi n'aurait régné qu'un an et sa femme, la célèbre Nitocris, lui aurait succédé. La parenté onomastique entre Menchérès-Ocaras et Mentesouphis-Echeschosocharas est frappante, d'autant plus que nous avons déjà eu des exemples de la substitution du hiéroglyphe du soleil, Ré, à celui de la vipère /// - ///, Hfêoui, donc des la finale grecque Rès à Ouphis, ce qui donnerait naissance à une leçon Mentérès très proche de Menchérès. Une confusion a pu, par suite, se produire entre les deux pharaons et l'on a pu prêter à l'un la prédiction qui concernait l'autre."

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D'autre part, d'après Hérodote: "Menchérès soulagea ses sujets fatigués par les exactions de Souphis et ruinés par l'orgueilleuse construction des grandes pyramides". En réalité, l'émeute au cours de laquelle les statues de son père avaient été brisées dut lui enlever complètement l'envie et même l'idée d'entreprendre l'édification d'une pyramide: le peuple se serait sans doute refusé au travail. A cela on peut objecter que la pyramide dite de Mykérinos contenait son cercueil et qu'Hérodote pensait que celle-ci était sienne. Mais les historiens grecs se sont souvent trompés et Ebers remarque une chose importante: Les autres chambres et de nombreux passages obstrués par des blocs de pierre ont appris que cette pyramide renfermait un autre corps que celui de 'Menkara', probablement, ainsi que l'affirment d'un commun accord l'histoire et la légende, celui d'une femme qui y fut déposée plus tard. La reine Nitocris, de la VIe dynastie, parait s'être emparée de ce mausolée terminé avant elle; comme on se rappelait encore aux âges postérieurs ses cheveux blonds et ses joues roses, on la confondit avec la célèbre Grecque Rhodopis, au visage rose qui fut, dit-on, la femme du frère de Sapho et l'amie des Pharaons. On contait déjà à Hérodote que c'était elle, et nulle autre, qui était enterrée dans la grande pyramide".

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Il y a, dans ce que dit Ebers plusieurs quiproquos qui sont dûs à sa mauvaise connaissance de la chronologie égyptienne. En effet, la VIe dynastie dont nous parlerons plus tard, fondée par Ludim, fils aîné de Misraïm, est contemporaine de la IIIe, dont Chasluim, cadet de toute la famille est le chef; la VIe débute donc bien avant la IVe qui succéda à la IIIe. D'après les chiffres d'Eratosthène, Mentesouphis aurait régné de 1980 à 1979 avant Jésus-Christ et Nitocris de 1979 à 1973, c'est-à-dire à l'époque même où Khéphren construisait sa pyramide. A ce moment, le peuple ne s'était pas encore révolté et rien ne s'opposait à ce que les pharaons de la VIe dynastie eussent leur pyramide comme ceux de la IVe; Menkhérès n'étant pas encore monté sur le trône, Nitocris ne pouvait occuper sa pyramide dont le projet n'aurait même pas été conçu. Au contraire, si la pyramide de Nitocris existait déjà à la mort de Menkhérès, elle pouvait être occupée par un pharaon mis dans l'impossibilité de construire la sienne. D'ailleurs l'examen intérieur de la pyramide a révélé qu'elle en enveloppait une plus petite de laquelle un couloir, aujourd'hui en cul-de-sac, formait primitivement l'entrée. Les deux monuments superposés se présentaient en coupe comme le montre la figure 2. Antonialdi a calculé que la pyramide intérieure devait avoir une base de 52m de côté, celle extérieure, une base de 105m. Crombette démontre par des calculs de volume que la pyramide intérieure était la centième partie de celle de Khéops et la plus grande, la quatorzième partie. Comme la pyramide de Khéops a été construite en 20 ou 30 ans suivant les auteurs, il est clair que la pyramide intérieure a pu l'être en un an, durée du règne de Mentesouphis.

Nitocris a pu, après y avoir enterré son époux, continuer l'œuvre durant ses six années de règne. L'ensemble monumental était à peine achevé lorsqu'elle mourut; c'est pourquoi, comme l'écrit Hanotaux dans son Histoire de la nation égyptienne: "Le temple funéraire bâti sur la flanc est de la pyramide a livré de nombreuses statues de Mycérinos, les unes achevées, d'autres à divers stades de la fabrication, allant du bloc ébauché à la statue presque finie. Mycérinos y montre une figure bonasse qui contraste avec la rudesse de Khéops et l'autorité altière de Khéphren. L'une des plus remarquables représente le roi debout, côte à côte avec la reine qui l'enlace tendrement de son bras". Ces détails montrent bien qu'il ne s'agit pas de Mykérinos: en effet, Khéops régna 29 ans et mourut donc à 50 ans environ; Khéphren monte assez tard sur le trône et régna 27 ans; il mourut donc à peu près à 60 ans; enfin Mykérinos accède à la couronne encore plus tard que Khéphren et, comme il régna 31 ans, dut mourir plus que septuagénaire; d'autre part son type physique devait être influencé par celui de ses rudes ancêtres. Le pharaon de la pyramide à l'allure bonasse et mort en pleine lune de miel ne peut donc être Mykérinos. Crombette pense au contraire qu'elle est l'oeuvre de la reine Nitocris, continuatrice de son mari, Mentesouphis-Echeschosocharas, de la VIe dynastie, dont le surnom signifie: Celui qui a été combien grandement pleuré par sa veuve.

Mais revenons à Mykérinos; Ebers le présente, d'après l'histoire et la légende comme "un pieux ami des dieux qui rouvrit les temples et rendit le peuple à ses occupations et à ses sacrifices habituels. On le nomma le plus juste et le plus vénéré des rois". Ailleurs le roi se flatte d'avoir mis fin à la suspension, c'est-à-dire à la peine qu'avait infligée Khéphren aux insolvables. Il est vraisemblable qu'il ait permis le culte des animaux sacrés et c'est sans doute pour cette raison que le bœuf apparaît à maintes reprises dans ses inscriptions. C'est ce que dit Mykérinos dans certaines de ses inscriptions, qu'il a dirigé les adorateurs vers les images des dieux -bœuf et vache immortels,- qu'il a mené la nation à se prosterner devant les signes du maître de la conception abondante dont il a apprécié les taches. Cette dernière expression montre que c'est Mykérinos qui a dû définir les conditions que devait remplir le bœuf qui allait avoir l'honneur de représenter aux yeux des Egyptiens Misraïm réincarné: "Les prêtres devaient examiner si aucune des marques sacrées -au nombre de vingt-huit, d'après Elien- ne lui manquait. Il devait avoir la robe noire, sur le front un triangle blanc, sur le dos, l'image d'un vautour et sur le côté droit celle d'une demi-lune blanche. Les poils de la queue devaient être de deux couleurs. On inspectait aussi la bouche, car il devait y avoir sous la langue une excroissance semblable à un scarabée sacré". Tout cela a valeur magique; c'est ainsi que le triangle blanc doit se lire Ape Hiô Rahe qui peut se transcrire: "Apis, roi initial", ou "Le père suprême de la vie". Mykérinos mourut en 1928.

Viennent ensuite quatre pharaons dont les noms ont été effacés de la Table de Sakkarah. Les scoliastes de Manéthon nous ont conservé l'équivalent grec du nom hiéroglyphique de ces derniers rois dont le premier est appelé Ratoisès à quoi Eratosthène ajoute la glose Archikrator. Il est possible que ce pharaon, avant de régner en Egypte ait été vice-roi de Nubie car son nom reconstitué peut se traduire: Le gardien des gouffres des portes de la demeure des grands dieux. Ce roi aurait constitué une branche adventive de la IVe dynastie, descendant peut-être d'un cadet placé à la tête de la vice-royauté d'Ethiopie. Ratoisès aurait régné 12 ans, soit de 1928 à 1915.

Le second roi de cette série est Bichérès dont le nom peut signifier: Branche adventive provenant de la famille déchue du soleil venu du premier. Il appartiendrait comme Ratoisès à une branche collatérale: il est de la lignée usurpatrice. Mais son nom peut encore se comprendre: Méchant avec violence et ivrogne méprisable. C'est pourquoi il a été jugé indigne de figurer parmi les rois d'Egypte. Il régna de 1915 à 1905.

A Bichérès succéda Seberchérès qui célébra un jubilé et se glorifie d'avoir fait adorer le bélier, image d'Amon. Il ne régna qu'un an.

Le dernier pharaon de la IVe dynastie est Tamphtis dont le nom peut s'interpréter: signe d'extinction ou horoscope de destruction. Il ne régna même pas une année entière et disparut en 1903. Ainsi finit la IVe dynastie.

CINQUIÈME DYNASTIE D'ELÉPHANTINE
Encore que Manéthon la fasse débuter par Osiris et Seth, la Ve dynastie a été réellement fondée par Luhabim-Nepherchérès car s'il y eut condominium entre les trois frères au temps de Rê et de Rhèa, à la mort de celle-ci, en 2132, au moment où les dynasties humaines commencèrent, cette union fut rompue et Luhabim resta seul maître dans les limites du condominium en Haute-Eypte, Osiris et Seth allant résider en Nubie. A partir de ce moment, son règne fut encore de 19 ans et prit fin en 2113.

Le premier successeur de Luhabim fut Horus le Jeune. Rappelons que celui-ci, fils illégitime de Rê et d'Isis, né en 2170, avait été adopté par Ludim comme héritier présomptif et doté d'une principauté en Basse-Egypte. Dès l'âge de 16 ans, sous le nom d'Ousercherès rappelant Osiris, il dut être associé au trône de Ludim jusqu'à l'assassinat de ce dernier en 2115. Il se réfugia alors auprès de Luhabim qui l'adopta comme héritier concurremment avec son propre fils. A la mort de Luhabim en 2113, Horus le Jeune lui succéda comme roi principal sous les noms de Siophès-Sisirès. Nous avons relaté dans la conférence précédente la guerre que le fils d'Isis déclara à Seth-Naphtuim, assassin d'Osiris, qui aboutit à faire attribuer le royaume d'Osiris à Horus le jeune. Devenu roi d'une partie de la Haute-Egypte en 2115, Siophès-Sisirès établit son trône à Silsilis, ville qu'il construisit et à laquelle il donna son nom, alors que le propre fils de Luhabim, Chérès, son vassal, régnait à Coptos. Sisirès mourut en 2106, tué par le fils de Luhabim, le dieu-crocodile, au cours d'une guerre suscitée par ce dernier dans laquelle il avait fait alliance avec Imouthès de la IIIe dynastie: c'est là qu'est née la tradition qui fait dévorer Horus le Jeune par un crocodile.

Chérès succéda à Horus le Jeune et régna comme suzerain de 2106 à 2086 à Coptos. A son sujet, dans la véridique Histoire de l'Egypte Antique, Crombette montre que l'adhésion à la simultanéité des dynasties fondées par les fils de Misraïm permet de résoudre des difficultés insurmontables pour les égyptologues qui ne l'admettent pas et de surcroît ne savent pas lire les hiéroglyphes.

A sa mort, la suzeraineté revint à un pharaon de Silsilis nommé Rathoyrès qui régna 31 ans de 2086 à 2055. Pour se protéger contre les retours offensifs venus du Nord, il édifia un mur fortifié entre Thèbes et Ermant; c'est ce qu'il dit dans une de ses inscriptions: "Pour protéger les parts d'une funeste rivalité entre les puissances, un mur a été élevé entre les maîtres des maisons suprêmes".

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Dans une autre inscription, Rathoyrès se dit: "Celui qui est vraiment très aimé du maître suprême du troupeau, Ank, seigneur suprême de la grande portion profonde (la Basse-Egypte)". Cet Ank est celui que l'Africain appelle Menthousouphis, de la VIe dynastie, dont nous parlerons plus tard. Sur la pyramide de Rathoyrès figure un texte qui dit: "Celui qui a fait jeter les filets dans les flots du fleuve plus loin qu'aucun autre auparavant". Il serait donc l'inventeur de la seine.

Le roi suivant, Menchérès, fut un roi crocodile et parvint à la suzeraineté à la mort de Rathoyrès qui célébrait un jubilé. Il s'empara du pouvoir et acheva la cérémonie comme le signifie son nom: Celui qui s'affirme malgré l'adversaire. Son règne sans fait marquant s'acheva en 2045.

Son successeur fut Tatchérès dont le nom signifie: Celui qui tend vers un but, être chef. Le Papyrus de Turin lui attribue un règne de 28 ans, de 2047 à 2019, pendant lequel il célébra plusieurs centenaires, notamment ceux des morts de Misraïm et de Meuhè et de l'avènement de Ménès.

Le dernier roi de la Ve dynastie, Onnos, est de nouveau un descendant d'Horus le Jeune comme en témoigne le lièvre osirien qui figure dans ses écussons. Son règne de 30 ans dura de 2019 à 1989. Il eut sa capitale à Ermant et se reconnut comme vassal de la VIe dynastie deltaïque. Dans plusieurs de ses inscriptions, il se dit: "Celui qui a fait clore la ceinture des jours de l'année, qui a complété les jours et a changé les temps par paires". Ceci signifie que ce roi substitua à une saison de deux mois une saison de quatre mois. L'année comptait alors douze mois plus les cinq jours épagomènes dont nous avons parlé dans la conférence sur les Fondateurs de l'Egypte.

SIXIÈME DYNASTIE D'ELÉPHANTINE
Fondée par Ludim, d'abord roi de Péluse, dans le Delta, la VIe dynastie fut néanmoins dite d'Eléphantine par Manéthon parce que Ludim y fut exilé le premier après sa faute et parce que ses successeurs y exercèrent une sorte de suzeraineté même lorsque la VIe dynastie eut retrouvé son siège en Basse-Egypte. Ludim ou Othoès régna 17 ans après la mort de sa mère Meuhè et avait pris pour vice-roi Horus le Jeune, appelé aussi Ousercherès, qui prit la fuite après l'assassinat du premier. Les égyptologues ont très mal compris les débuts de cette dynastie à cause de leur rejet de la Bible.

Le véritable successeur d'Othoès fut son fils légitime Phios qui fut sans doute l'inspirateur et le bénéficiaire de l'assassinat de son père et dont le nom signifie: "Celui qui est de naissance" et aussi "Celui auquel il appartient d'être chef plutôt qu'au survenant", c'est-à-dire à Horus le Jeune. Il régna de 2115 à 2080. Les rois en querelle de la Ve dynastie avaient eu recours à son arbitrage, c'est pourquoi il se glorifie d'avoir couronné en 2086 à Denderah Rathoyrès et Menchérès et d'en être le suzerain. Le siège de la suzeraineté était à Thèbes car Phios se dit: "Le seigneur suprême de la ville spèrieure, capitale suprême des capitales où il est très aimé". Il fut un grand constructeur et a laissé des monuments dans diverses villes des deux Egypte. Il fut aussi un guerrier heureux et mena une campagne victorieuse en Libye.

Son fils Menthousophis lui avait été associé à partir de 2088. Il régna seul jusqu'en 2073. Son nom indique qu'il est "de mère de grande noblesse, de la race des célestes". Sous son règne, un certain Hirkhouf fit un voyage près de la Somalie d'où il revint avec 300 ânes chargés d'encens, d'ébène, d'ivoire, de peaux de rhinocéros, de peaux de léopard et de toutes sortes de denrées excellentes.

Le successeur de Phios et de Methousouphis, destiné au trône l'année même de sa naissance, accéda effectivement au pouvoir à l'âge de six ans à la mort du second en 2073 et resta environ dix ans sous la tutelle de son intrigante mère. Ce roi nommé Phiops célébra tous les centenaires qu'il était possible d'envisager et trois jubilés trentenaires. Le même Hirkhouf poursuivit ses explorations sous son règne et lui ramena un pygmée en provenance de la source du Nil bleu.

Vient ensuite Menthesouphis dont le nom peut se lire de plusieurs façons par le copte: "Le rejeton du sein de la dame lésée fait le guet", "Celui qui baissait la tête, persécuté, la relève", "Celui qui baissait la tête est le plus élevé des rois", "Celui qui n'a bâti que la moitié d'une pyramide", et enfin "Les ennemis découverts, celle qu'il a prise pour femme punira le crime". Ainsi dans un seul signe, les scribes égyptiens racontaient l'histoire du roi: son origine royale par sa mère, elle aussi descendante de rois, sa situation humiliée, ses droits lésés, ses espoirs, leur réalisation, son élévation au trône suprême, son mariage avec Nitocris, son assassinat, l'inachèvement de sa pyramide, celle que, comme nous l'avons vu, on attribue à tort à Mykérinos, enfin la terrible vengeance que la reine tirera des meurtriers.

Nitocris régna de 1979 à 1973. Hérodote raconte qu'après l'assassinat de son époux, "elle fit bâtir un palais renfermant une immense salle souterraine; sous prétexte de l'inaugurer, elle donna un grand banquet aux seigneurs qu'elle savait avoir participé au meurtre de son mari. Pendant le festin, elle fit fermer la porte et ouvrir un conduit secret qui amenait les eaux du Nil dans l'appartement. Tous les convives furent noyés. Craignant la vengeance des parents de ses victimes, Nitocris se jeta dans une chambre remplie de cendres et fut étouffée". Crombette pense qu'Hérodote a dû se tromper sur le suicide invraisemblable de la reine et qu'elle fut plutôt assassinée. Sa sagesse devait être proverbiale puisque Eratosthène l'appelle Athénâ Nikèphoros. Or Athènâ personnifiait l'activité de l'intelligence. Manéthon est d'accord avec Hérodote pour vanter sa sagesse ainsi que sa beauté. Cela n'est pas étonnant car de même qu'Athénâ était fille de Zeus, Nitocris était descendante de Thoth qui n'est autre que le Zeus de la mythologie. Ainsi finit la VIe dynastie.


SEPTIÈME DYNASTIE MEMPHITE
A la mort de Nitocris, on célébra un deuil de 70 jours pendant lesquels le Conseil des Anciens détint le pouvoir en attendant de désigner les rois dans les différents nomes. C'est cet interrègne qui constitue la septième dynastie.

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carte 2

HUITIÈME DYNASTIE MEMPHITE
Cette dynastie compta 25 rois à répartir sur cinq trônes: un suzerain à Memphis régnant sur les nomes I, II, VIII et XIII; un à Damanhour régnant sur les nomes III, IV, VII, X et XIX; un à Xoïs régnant sur les nomes V, VI, XII et XVII; un à Thmuis régnant sur les nomes IX, XV, et XVI; et enfin un à Tanis régnant sur les nomes XI, XIV, XVIII et XX. La carte 2 montre cette répartition. Nous voyons que cette dynastie ne régna que sur le Delta. Elle dura jusqu'en 1903, date qui marque la fin de l'Ancien Empire.

Ces 25 rois régionaux n'ont pas tous été mentionnés sur les listes. La Table d'Abydos ne cite que 16 pharaons jubilaires. Nous en sommes donc réduits à en ignorer 9. La première série comprend un Menkhérès suzerain à Memphis, un Nepherkerès à Xoïs, Un Kainotitainos, prince syrien, à Tanis, un Nemeaïos à Thmuis et un Mesokhrinêkoros à Damanhour. Ce dernier perdit la vie au cours d'une émeute suscitée par Nemaïos jaloux après environ un an de règne et fut remplacé par Nephekekhôros. Les parents de Mesokhrinekôros songèrent à le venger et assassinèrent Nemeaïos au cours du jubilé de 1965. Il fut remplacé par un prince syro-phénicien, Toutikeres.

Kainotitainos ne fut mis à la tête du royaume de Tanis qu'à cause de sa valeur militaire pour tenir ce poste avancé contre les incursions de nomades. Il était aussi d'origine syro-phénicienne ainsi qu'une partie de la population et c'est là qu'il faut voir l'origine des rois Pasteurs du Moyen Empire qui vient après.

Après une série de cinq rois non jubilaires dont les noms ne nous sont pas parvenus, vient le deuxième groupe de rois jubilaires qui sont, à Xoïs, Nephôkakeis, "celui par qui une foule d'hommes a un pain délicat"; à Memphis, Nekohieros, "celui qui garde le lieu sacré des morts"; à Tanis, le prince palestinien Erheoleon,"le lion protecteur des agriculteurs des bouches du Nil"; à Thmuis, Phainôsebasios,qui a pris pour but de soutenir sa maison contre la manière malhonnête de distribuer le territoire du fleuve outre mesure à l'un plutôt que raisonnablement". Ce dernier fut remplacé par Néopenènoukhès, dont le nom se traduit: "La plus grande portion a consenti à attribuer son excédent à l'autre déficiente, s'efforçant de donner des gages, de mettre fin aux craintes de la multitude, de rompre la lutte et de calmer la populace".

A Memphis le roi Nemôneros qui monta sur le trône vers 1925 déclarait que malgré la cession de territoire qu'il avait dû autoriser, il conservait la suzeraineté qui était purement nominale. A Xoïs le roi qui termina la lignée fut Neopares qui se fait gloire de ce qu'il n'a pas dû diminuer sa part. Le dernier roi tanite de la VIIIe dynastie est Neôphrourakys,"celui qui, dans sa capitale entasse une garnison renforcée".

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carte 3

NEUVIÈME ET DIXIÈME DYNASTIES HÉRAKLÉOPOLITAINES
La situation n'était pas meilleure dans le sud de l'Egypte que dans le nord. Les dynasties installées à Thèbes par les pharaons de la VIe guettaient l'occasion d'arrondir leur domaine. A la mort du dernier roi de Coptos le dynaste de Thèbes devint le suzerain des 9 premiers nomes de Haute-Egypte que l'on voit sur la carte 3; il régit en même temps la Haute Nubie puis absorba la Basse Nubie. Dans ces deux provinces, les dynastes de Thèbes allaient trouver les hommes nécessaires pour faire la conquête de l'Egypte.

Au nord du royaume thébain, comme on le voit sur la carte 3, on trouve les IXe et Xe dynasties dites hérakléopolitaines sur lesquelles on n'a que très peu de renseignements. On peut penser qu'il y eut pour la IXe dynastie 19 rois en 50 ans environ et pour la Xe, 19 rois en 100 ans environ. Il n'y a guère de faits saillants durant ces règnes et on ne dispose que de très peu de titulatures car les jubilés furent mal célébrés à cause des guerres perpétuelles. En 1903, le dynaste thébain définitivement vainqueur annexait la Basse Nubie et arrivait aux portes de Memphis: à l'Ancien Empire polyarchique succédait le Moyen Empire quasi monarchique.

CONCLUSION
C'est donc en 1903 que s'achève l'Ancien Empire, cette grande époque de l'histoire de la nation égyptienne au cours de laquelle furent construites les constructions cyclopéennes que furent le Mur du Prince, le Mur de Memphis, les temples solaires, les plus grandes pyramides; époque du développement d'un art original, puissant dans sa simplicité, parfait dans son exécution; celle de nombreuses inventions initiales dans de multiples domaines; celle de l'institution d'un ingénieux calendrier; celle des gigantesques expéditions terrestres et maritimes, de la colonisation de l'Afrique, du peuplement par des fils de l'Egypte de l'Atlantide et des Amériques. Période aussi hélas! où l'idolâtrie allant jusqu'à la zoolâtrie s'installe en maîtresse, où la magie va se développant, où le polythéisme fait oublier le culte du vrai Dieu, où les sacrifices humains deviennent une institution de l'Etat; où l'immoralité des princes, se donnant libre carrière, sème à foison les germes des luttes intestines qui, après avoir débilité le pays, font le lit du despotisme et entrouvrent la porte à l'étranger.

Nous avons un peu perdu de vue l'Histoire Sainte qui est la part principale de l'histoire de l'humanité, mais nous avons pu nous rendre compte au cours de cet exposé que c'est grâce à l'enseignement du Livre de la Genèse sur les fils de Misraïm que Fernand Crombette a pu enfin donner une synthèse de l'Ancien Empire chronologiquement en accord avec la Bible.

Ceshe 1999 -